Paysage de la région de la baie

Toyo Ito réfléchit à l'antagonisme entre la nature, l'histoire et l'ère moderne à travers deux projets

Cet article est extrait d’une présentation donnée par Toyo Ito au CCA dans le cadre de la conférence Anyplace en 1994. Une version révisée de ce texte a également été publiée dans Anyplace, New York: Anyone Corporation; Cambridge, MA: MIT Press, 1995.

Yatsushiro

La mer tranquille au crépuscule est magnifique, alors que je contemple le coucher du soleil depuis le bureau de projet à Hinagu. Yatsushiro est connue sous le nom de mer de Shiranui pour ses milliers d’éclairs bioluminescents, mais la surface ondoyante a des reflets or et le calme des eaux d’un lac, protégée du large par les îles Amakusa. Hinagu était naguère une station thermale très prisée. À la fin de l’ère Meiji, les auberges se succédaient le long de la rue légèrement incurvée le long du rivage, remplies de touristes. Aucune trace de ces jours prospères ne subsiste aujourd’hui, mis à part sept hôtels en bois de trois étages.

Les montagnes forment un écrin, juste derrière les rues de ce centre de villégiature. En observant les terres depuis un bateau à la tombée de la nuit, on pouvait voir, comme se le remémore avec émotion un vieil homme de la ville, les rayons dorés du soleil couchant, reflétés dans les replis montagneux à la façon d’un paravent étincelant.

Bien que non directement ouvert sur les mers du Sud comme les îles Okinawa, l’endroit est tout autant écrasé par le soleil brûlant et détrempé par des pluies à ce point torrentielles que l’on penserait les voir s’infiltrer par les toits. Quand je m’assois face à la mer vers l’ouest lorsque s’installe la quiétude nocturne, je me laisse aller à croire en l’existence du Niraikanai (monde éternel). Ainsi que le définit Ken’ichi Tanigawa, le Niraikanai est le monde souterrain et, en même temps, le point d’origine du tréfonds de la conscience qui représente les sillons de notre mémoire depuis les temps où notre race est parvenue à atteindre l’archipel japonais, portée par le courant Noir.

Tomio Ohashi, photographe. Old People’s House à Yatsushiro, Japon, 1994, Toyo Ito Architects. © Tomio Ohashi

La construction de la maison de retraite de Yatsushiro (1994) a été prévue sur une parcelle de terre gagnée sur la mer de Shiranui. Le site est désolé, avec le sol laissé tel quel. Des voies rapides doivent y être aménagées dans quelques années, et des piles de pont sont déjà érigées à proximité de l’endroit. L’emplacement pour la résidence envisagée donne donc, d’un côté, sur la mer du Niraikanai éternel, et de l’autre sur les rues de la station thermale d’Hinagu, située en banlieue de Yatsushiro. Le village touristique, à la modeste échelle humaine quelque peu étouffante, sans que cela paraisse trop (élément sans doute rassurant pour la plupart des Japonais), offre un contraste singulièrement étrange avec le soleil éclatant et la mer à l’ouest, où tombe le crépuscule. La zone poldérisée est enclavée entre ces deux paysages que tout oppose, comme si elle les divisait, incapable de s’assimiler à l’un ou à l’autre. En d’autres termes, ces trois paysages existent côte à côte indépendamment des autres, au lieu de s’agencer et de s’harmoniser. La mer qui mène au Niraikanai, la station déserte, les terres récupérées, et l’autoroute en surplomb… ne serait-ce pas une entreprise trop rude que d’oser une analogie entre ces décors contrastés sur fond d’antagonisme entre nature, histoire et époque moderne (la technologie)? En y repensant, cependant, on s’aperçoit qu’une telle dissemblance est le lot de toutes les villes côtières au Japon, peu importe la taille; elle est visible dans des mégapoles comme Tokyo, Yokohama, Osaka, Kobe et Fukuoka, mais aussi dans des localités beaucoup plus petites.

La région de la baie de Tokyo, qui s’étend de Makuhari, à Chiba, au site de MM21, à Yokohama, en passant par Tokyo Disneyland, à Urayasu, et l’aéroport de Haneda, est un exemple par excellence de tels paysages aux antipodes. À Hinagu, malgré cet antagonisme, on sent la nature impressionnante elle-même face à l’immensité de la mer et l’intensité du soleil. Dans la baie de Tokyo, en revanche, on a l’impression que la terre façonnée par l’humain, dans son étendue magnifique, évacue presque ces deux derniers éléments. Voici deux ans, j’ai écrit :

« J’ai vu la baie de Tokyo depuis un bateau pour la première fois en trois ans. À chacune de mes visites en ces lieux, je suis saisi d’un mélange d’intenses émotions inexplicables. Le panorama fait surgir les aspects monstrueusement affligeants de la mégapole qui autrement ne seraient jamais perceptibles depuis l’intérieur de Tokyo. Nombreux conteneurs sans manutentionnaire glissant sur des convoyeurs à courroie, amas de déchets indéfinissables, mer polluée, navires de transport en tous genres… tout cela fait penser non à un front de mer, mais à une gigantesque arrière-cour urbaine… La zone s’était cependant transformée radicalement en trois ans seulement. La région de la baie, autrefois derrière le hideux extraterrestre ou à l’écart, subissait maintenant des mutations. Le long du littoral de Shinagawa à Harumi se dressent aujourd’hui d’innombrables tours, un vaste faisceau de routes s’étend par-dessus l’eau jusqu’à la zone d’Ariake gagnée sur la mer, et l’île artificielle voisine de Yumenoshima (Île aux rêves) est reliée à l’aire urbaine existante par de multiples canalisations. Là, un nombre incroyable de grues hérisse l’île artificielle. Je suis resté bouche bée, pétrifié, sur un pont de 120 m de haut, témoin de la quantité colossale d’énergie convergeant vers cette urbanisation en pleine émergence. La nostalgie du passé n’a aucunement sa place ici. Dans quelques années seulement, l’île sera très vraisemblablement couverte d’une forêt de gratte-ciel et grouillera d’activités humaines. Cela aura des airs d’organe artificiel de haute performance greffé sur un corps étranger. Ici voit le jour un espace urbain radicalement nouveau dont personne n’avait encore fait l’expérience. Des immeubles à profusion seront construits sur un territoire totalement aride et homogène. Aucun doute que toute âme des lieux se sera évanouie. J’ose affirmer que c’est une vraie pitié de voir l’architecture à ce point déconnectée de son environnement1. »


  1. Paysage architectural d’une ville sous cellophane, « Gendai Shiso », Revue de la pensée d’aujourd’hui, septembre 1992. 

Ce texte a été écrit il y a presque deux ans. Depuis, le pont est entré en service sous le nom de « pont Arc-en-ciel », et les immeubles monumentaux voient le jour. L’organe artificiel du gigantesque corps étranger s’est mis à fonctionner.

Les sensations et la stupéfaction inexplicables déclenchées par cette île créée par l’homme résonnent en moi en une impression de futilité, très certainement à cause de l’immense décalage entre ce qui se tient devant moi et le concept traditionnel d’espace (la notion classique communément admise de grande ville) et de l’angoisse à la perspective de vivre dans un endroit morne et homogène de cette envergure. Dans un ensemble comme celui-ci, l’idée d’architecture que nous avions faite nôtre semble n’avoir plus aucun sens. La taille démesurée des édifices et l’ampleur de leur déconnexion avec le site sont tellement consternantes que je suis tenté de poser cette question : « Une telle prolifération de bâtiments à cet endroit peut-elle être qualifiée d’architecture? » Pour reprendre les trois mots que j’ai employés en préambule, il semble que l’espace à l’époque moderne (la technologie) ait atteint un point où il ne peut plus s’inscrire dans la nature qui l’environne ou dans le contexte historique qui l’accueille.

Tomio Ohashi, photographe. Old People’s House à Yatsushiro, Japon, 1994, Toyo Ito Architects. © Tomio Ohashi

Tsukuba

Le stationnement à étages sud de Tsukuba (1991–1994), un autre projet, est situé au centre de la ville nouvelle universitaire de Tsukuba, assez proche du bâtiment du Centre Tsukuba conçu par Arata Isozaki (voir 8311, Shinkenchiku) Le Centre, une fois achevé, apparaissait ostentatoire et déconcertant dans cette ville nouvelle. Telle était exactement l’intention d’Isozaki avec sa proposition. Un peu plus de dix ans plus tard, cependant, même cette architecture s’était acclimatée à son environnement et les lieux, autrefois déserts et poussiéreux, regorgent de verdure, les bâtiments étant maintenant immergés dans une abondance végétale. Bien sûr, les parcelles inoccupées sont encore bien visibles comparativement à d’autres villes existantes, le nombre d’édifices en chantier a radicalement chuté, et la ville nouvelle semble aujourd’hui installée dans une période de stabilité.

La ville nouvelle universitaire de Tsukuba est un excellent exemple des projets de création urbaine d’après-guerre au Japon en ce qu’elle respecte point par point la théorie de planification moderne. La raison tient probablement au fait que la situation géographique de Tsukuba a contribué à conserver une forme d’intégrité qui aurait difficilement pu aller dans le sens d’une « cité-dortoir » ordinaire à proximité d’une grande ville. Quand le projet du bâtiment Centre Tsukuba a été annoncé, Arata Isozaki a eu ces commentaires : « L’un des aspects caractéristiques du projet de ville nouvelle était, comme c’est le cas pour tant de projets de très grande ampleur dans d’autres domaines du Japon d’après-guerre, d’instaurer les concepts et méthodes modernistes sur un sol intrinsèquement japonais, si intrinsèque qu’il en est presque par trop impeccable », et « l’aménagement urbain ici se fonde sans doute sur le concept de cité-jardin promu par Howard. L’idée avait été à l’origine mise en avant en forme de critique des villes à haute densité et concentration de type européen. Le concept de cité-jardin lui-même est en fait incohérent, puisqu’il vise à construire une ville dans le cadre d’un environnement rural. D’une manière ou d’une autre, les images spatiales de l’urbanisme du XXe siècle font toutes état, pourrait-on dire, d’une obsession pour ce principe singulier, que ce soit le fruit d’une approche radicale ou conservatrice. Il n’y a donc rien de surprenant que, pour la ville nouvelle de Tsukuba, l’on cherche à créer un espace urbain de faible densité, où priment espaces verts et routes, puisque cette image typique d’une cité moderne faisait consensus. »

L’idéal de cette ville nouvelle, qui était de faire la part suffisamment belle à la végétation et aux véhicules, découle de l’image d’une ville du futur définie par Le Corbusier. Le principe de base d’urbanisme, comprenant l’utilisation de modules à l’échelle des véhicules, un système de circulation qui sépare les gens des voitures par un réseau de plateformes piétonnières au centre de la ville et l’aménagement paysager en bordure des rues, a été appliqué tel que planifié dans la partie ocre de la ville nouvelle d’aujourd’hui. Effectivement, on trouve ici plus de verdure que dans les espaces urbains existants, et c’est une collectivité où les véhicules occupent un rôle central, comme prévu initialement.

Mais, advenant que quelqu’un nous demande si telle est l’image véritable d’une ville idéale que nous avons cherchée depuis plus de cent ans, depuis l’avènement du XXe siècle, sans doute serions-nous perplexes et cela nous donnerait-il à réfléchir. Les plateformes séparant personnes et voitures ne semblent pas offrir un environnement particulièrement attrayant. Ce qui est encore plus dérangeant, ce sont les espaces consacrés au stationnement. Si l’on observe le quartier central depuis le sommet d’une tour, on est frappé par leur omniprésence. La plupart des lieux vacants servent de parcs à voitures dénudés, terrains nus sans verdure ou, au mieux, au pavage aléatoire. Ils constituent les espaces négatifs en arrière-scène, passés sous silence dans les perspectives pour la ville nouvelle.

Même si la ville nouvelle universitaire de Tsukuba n’était pas sise sur un terrain gagné sur la mer, elle a été conçue comme un système entièrement nouveau indépendant et coupé de l’environnement naturel des anciens villages ruraux qui se trouvaient sur place. Ainsi, cette ville nouvelle participe aussi de l’antagonisme entre nature, histoire et époque moderne, comme évoqué en lien avec les terres récupérées sur les eaux. En fait, à la limite entre la ville nouvelle et les zones agricoles voisines qui existaient bien avant que celle-ci soit projetée, on assiste à un contraste flagrant, que l’on ne peut que qualifier d’insolite. Le seul élément qui donne un semblant de continuité entre les deux est peut-être la verdure. Mais serait-il exagéré d’affirmer que même les plantes qui couvrent l’étendue de la ville nouvelle ne sont que des artifices visant à occulter la réalité aride et impersonnelle de celle-ci, tout comme avec les terres asséchées?

Parking sud de Tsukuba, Japon, 1991-4, Toyo Ito Architects. © Shinkenchiku-sha

Échelle de la région de la baie

À la différence de l’architecture, il n’y a pas de fin au développement d’un espace urbain, et une ville évolue en permanence. C’est la traduction de la somme de nos activités, en politique, économie et culture, plutôt que de la volonté humaine. Comme telle, une ville ne peut jamais être considérée un succès ou un échec, aussi bien aménagée soit-elle. On parle souvent d’échelle humaine, mais même ce concept changera facilement avec le temps. Une fois habitué à la vaste échelle de la région de la baie, l’inconfort que pourrait nous occasionner la grille de Tsukuba ou celle de Shinjuku Nishigushi ne tardera pas à s’estomper. Insensibles ou intéressés, la plupart d’entre nous finissent par s’habituer à un nouvel environnement.

En regardant les jeunes mères garer leur automobile près du centre commercial, marchant d’un pas nonchalant avec leurs enfants dans la ville nouvelle universitaire de Tsukuba, je peux voir de quoi sera faite la cité de Tokyo Teleport – bien qu’elle soit pour le moment affreusement terne –, remplie de gratte-ciel et de gens conversant et profitant du soleil dans les rues. Même si j’ai de grandes appréhensions quant à la possibilité que l’endroit puisse un jour ressembler à un espace de vie humain, ou à la faculté des gens à dépasser cette réalité d’échelle humaine totalement démesurée, je prends néanmoins un pas de recul en me disant que ces craintes ne sont peut-être que les réticences moralisatrices de l’architecte que je suis.

Ne préjugeons pas de son succès ou de son échec. Néanmoins, on ne peut nier le fait que partout, ces activités de développement fondées sur la théorie moderniste de planification urbaine s’inscrivent en opposition, et non en harmonie, avec la nature et le contexte historique du site. La théorie elle-même n’a dans son raisonnement rien qui puisse la réunir avec d’autres, et telle n’est d’ailleurs pas l’idée. L’argument est qu’elle est porteuse de l’essence de la technologie moderne. Mais les espaces découlant de cette théorie sont tous des expressions symboliques ostentatoires, plutôt qu’une traduction matérialiste de la technologie en soi. Improviser une végétalisation des surfaces ne saurait en rien ébranler la structure de l’antagonisme.

Est-ce que l’approche idéaliste consistant à nier la réalité au profit de la création d’une utopie affranchie du monde tangible, approche adoptée au début de ce siècle, est encore empreinte des visées de la théorie moderniste d’une élaboration d’un espace indépendant jamais assimilé à la nature ou au contexte historique? On en voit l’exemple en constatant à quel point la Ville contemporaine de trois millions d’habitants et le Plan Voisin pour Paris promus par Le Corbusier sont sans liens avec les espaces urbains existants. Ce mouvement moderniste, au départ annonciateur de réformes sociales, s’est enraciné au Japon dès les années 1960, et paraît même aujourd’hui anéantir et bafouer la nature et le contexte historique de l’espace.

Mécanismes pour créer une relation transparente

Lorsque je me suis vu confier les deux projets, la maison de retraite à Yatsushiro et le stationnement à étages sud de Tsukuba, ma première idée a été de chercher comment je pourrais mettre fin à l’antagonisme entre ces trois dimensions : nature, histoire et époque moderne. Autrement dit, c’était une démarche visant à restaurer la relation jadis évacuée entre époque moderne, nature et contexte historique de l’espace en construisant une architecture sur un territoire aplani par la technologie contemporaine.

Bien que sans commune mesure avec la région de la baie de Tokyo par leur envergure, les terres gagnées sur la mer à Hinagu ne sont guère différentes en termes d’aridité et de perte d’esprit des lieux. Ce qui rendait les choses plus difficiles, c’est que le site était destiné non à la jeunesse, mais à des aînés venus y passer les derniers moments de leur vie. Au départ, nous avons pensé qu’il serait impossible de préserver les arbres et d’aménager le site avec de la végétation et des fleurs. Notre perception a graduellement évolué au fur et à mesure de nos visites sur les lieux. Comme je l’ai dit au début, le soleil tropical et la mer de Shiranui dominent sans partage l’endroit. La tâche principale qui nous incombait d’un point de vue architectural était de créer un « espace » pouvant faire le lien entre la station thermale et la mer magnifique. Il s’agissait de concevoir un lieu ouvert à la fois sur la terre et la mer, nouant entre elles une relation transparente. Par relation transparente, j’entends un rapport dans lequel la mer, le village de villégiature et les terres asséchées coexistent au sein d’un espace commun, plutôt que d’être séparés par un cloisonnement. L’établissement pour personnes âgées serait donc pensé pour que ses résidents ne soient pas confinés à l’environnement rébarbatif du site gagné sur l’eau. Ils pourraient être entourés par Hinagu et les montagnes en arrière-plan, cadre où ils sont nés et ont grandi, tout en pouvant parallèlement méditer sur le Niraikanai, installés face à la mer de l’Ouest. C’est en ce sens alors que l’architecture se met à fonctionner comme un mécanisme liant les deux paysages, et non plus uniquement comme une enveloppe assurant un abri sécuritaire.

Si le projet de Yatsushiro est voulu en tant que mécanisme arrimant deux paysages différents, celui de Tsukuba est un instrument d’ajustement de l’écart d’échelle entre l’humain et la voiture. Les automobilistes sont dirigés à l’intérieur du stationnement, où ils se transforment en piétons. Contrairement aux parcs à voitures traditionnels, où les véhiculent pénètrent dans un ensemble que l’on qualifierait d’architecture à l’échelle piétonnière, le stationnement de Tsukuba conserve la dimension automobile, qu’il prolonge depuis les routes en dehors. La dynamique de configuration de la ville nouvelle est par conséquent intégrée à l’architecture elle-même par cette logique de continuité. Une autre problématique architecturale importante consistait à faire du parc de stationnement, toujours perçu de façon négative, un équipement positif. Structure élancée, aménagement proactif donnant une impression de se trouver en plein air, façades faisant communiquer extérieur et intérieur, tous ces éléments devraient aider à gommer l’idée déprimante que l’on se fait d’un stationnement.

Parking sud de Tsukuba, Japon, 1991-4, Toyo Ito Architects. © Shinkenchiku-sha

Aspirer au Niraikanai

Bien sincèrement, je reste perplexe quant à ce que l’architecture peut induire lorsque je contemple le site terne et homogène à l’envergure démesurée dans la région de la baie de Tokyo, espace urbain qui sera notre cadre d’existence au XXIe siècle. Tout comme devant le constat que le gigantisme du lieu a infirmé notre concept de communauté dès la fondation de celui-ci, concept qui pour nous, architectes, sert encore en un sens de socle.

Bien sûr, la notion de collectivité où les gens se regroupent et vivent ensemble est en train de changer radicalement. Il est grand temps que les architectes regardent cette réalité en face, qu’ils laissent aller la foi en l’humanisme encore accrochée à un repli de leur cœur, et qu’ils rebâtissent de fond en comble le concept d’architecture.

Réflexion faite, ce que j’ai réalisé est la construction d’un espace urbain conceptuel et d’une architecture idéaliste en son sein. La démarche s’est avérée efficace pour l’élaboration et le développement d’une vision, mais cette étape est déjà loin derrière. Je crois qu’il est de ma responsabilité impérieuse de démontrer ce que l’architecture réaliste peut accomplir dans les milieux urbains bien réels, peu importe la modestie et la simplicité de mes contributions.

Et néanmoins, même cette terre artificielle aride et triste de la baie est bénie par la fraîcheur de la brise marine et la quiétude dorée du crépuscule. Me revient souvent à l’esprit cette possibilité que des gens, même en ces lieux créés de toutes pièces, aient en commun ce désir ardent du monde éternel du Niraikanai.

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