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Lundi 2 octobre 2006, au matin. Bernard Arnaud, président de Louis Vuitton Moët Hennessy (LVMH), convoque toute la presse française et internationale avenue Montaigne, à Paris. En présence de ses partenaires publics, représentés par le ministre français de la Culture et le maire de Paris, Monsieur Arnaud annonce que Frank Gehry bâtira, sur une parcelle du Jardin(...)
L'architecture d'aujourd'hui 367 : temporaire
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Lundi 2 octobre 2006, au matin. Bernard Arnaud, président de Louis Vuitton Moët Hennessy (LVMH), convoque toute la presse française et internationale avenue Montaigne, à Paris. En présence de ses partenaires publics, représentés par le ministre français de la Culture et le maire de Paris, Monsieur Arnaud annonce que Frank Gehry bâtira, sur une parcelle du Jardin d’acclimatation, un édifice qui accueillera la nouvelle Fondation Louis Vuitton. “Un rêve” s’exclame le maître d’ouvrage. “Un nuage tout en verre”, corrige l’architecte en regrettant publiquement qu’il ne puisse pas “bâtir ses croquis”. Le rêve nuageux, censé séduire et provoquer la curiosité, coûtera 100 millions d’euros. Il y a quarante ans Guy Debord écrivait : “Quand les pseudo-fêtes vulgarisées, parodies du dialogue et du don, incitent à un surplus de dépense économique, elles ne ramènent que la déception toujours compensée par la promesse d’une déception nouvelle. Le temps de la survie moderne doit, dans le spectacle, se vanter d’autant plus hautement que sa valeur d’usage s’est réduite.” Une fois édifiés, tous les rêves et les nuages se calcifient. Et lorsque l’attention du public est lassée, ces bâtisses passent à l’arrière-plan où elles devront affronter changements d’usage et opérations de reconversion. Aucune des œuvres présentées dans ce numéro n’a coûté 100 millions d’euros. Même pas une fraction de cette somme faramineuse. Prometteuses de l’intensité et de présence, elles se veulent fugitives, évanescentes, passagères ou temporaires. Elles assument, jusqu’au bout, la logique de notre temps. Elles sont spectaculaires, mais n’occupent leurs terrains que sur une courte durée. Elles sont, selon une formule de l’agence Kühn Malvezzi, des “monuments momentanés”. Architectures du désir, elles ont su remporter une adhésion spontanée et il est fort probable qu’elles se gravent durablement dans la mémoire collective.
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January 2007, Paris
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