Sur les principes d’autosuffisance
Des extraits du fonds Aditya Prakash
Les extraits suivants tirés du fonds Aditya Prakash, écrits suite à la crise du pétrole de 1973, présentent l’appel de Prakash en faveur de modèles d’habitats humains autosuffisants, axés sur le recyclage. Pour une lecture plus approfondie de son œuvre, vous pouvez consulter l’article de Saloni Mathur, Des formes qui fascinent.
Urbanisation et problèmes environnementaux : l’écosystème des collines
L’urbanisation actuelle est souvent erronément considérée comme étant la création d’une société d’élite axée sur la consommation. La production et le recyclage des ressources ne font pas partie d’un processus de planification conscient.
Nous devons comprendre que la nature se maintient grâce à des principes d’autosuffisance. Tout dans la nature est recyclé. La planète Terre est encore en vie grâce au recyclage. Mais aujourd’hui, le consumérisme et la cupidité des humains remettent en question la survie de la Terre. Nous pourrions dire que la Terre sortira automatiquement de la crise. Mais nous devons comprendre que la Terre n’est qu’un point dans le phénomène cosmique. Si la Terre venait à être désertée par la vie, cela n’aurait pas beaucoup d’importance pour le cosmos. La vie pourrait naître ailleurs, là où les conditions sont favorables. Mais si l’homme veut profiter des fruits de la vie, il doit comprendre le cycle de la nature.
Il faut adopter un mode de vie dans lequel tout est recyclé.
La crise énergétique et les modèles futurs d’établissements humains dans les pays en développement
Je considère la crise énergétique, provoquée par l’embargo pétrolier des pays arabes, comme la plus grande opportunité pour la civilisation humaine. Aucune réflexion rationnelle n’aurait pu réveiller l’humanité aveuglée de sa folie destructrice menant à l’extinction, comme l’a fait le choc soudain de la privation de pétrole. L’homme a commencé à réfléchir à des alternatives au pétrole. Mais cela a soulevé certaines questions fondamentales : (1) Disposons-nous de ressources illimitées? (2) Qu’est-ce qu’une consommation excessive? (3) Comment devons-nous préserver nos ressources? (4) Pouvons-nous bâtir une civilisation stable sur le consumérisme? (5) Avons-nous une responsabilité envers les générations futures?
C’est parce que ces questions sont posées et que des réponses sont trouvées que je considère que la crise pétrolière ou énergétique a été la plus grande bénédiction pour la civilisation humaine. Bien que le titre de cet article nous invite à examiner le modèle des établissements humains uniquement dans les pays dits en développement, je pense que cette question est fondamentale et s’applique à tous les pays, qu’ils soient en développement, développés ou sous-développés. C’est la clé de la survie, condition préalable au progrès. La pertinence particulière pour les pays en développement réside dans le fait qu’ils ne doivent pas répéter les erreurs commises par les pays développés en s’engageant dans une consommation aveugle d’énergie.
Toutes les formes de vie se maintiennent grâce au renouvellement. L’énergie se maintient également car elle est constamment renouvelée. Mais les villes humaines sont les plus grands producteurs de « déchets ». Nous pensions avoir trouvé la solution miracle lorsque le système d’évacuation des eaux usées et des déchets humains a été introduit dans les villes. Après avoir traversé les petits égouts, puis les égouts plus grands, et enfin les égouts géants, où vont ces déchets? Soit dans nos rivières, où ils les polluent, soit dans les terres ouvertes qui entourent les villes. L’existence d’usines de traitement des eaux usées, qui servent essentiellement à oxyder les déchets et à laisser s’échapper dans l’atmosphère ce qu’on appelle l’air vicié, ne change rien au fait que les déchets sont considérés comme des matières indésirables dont il faut se débarrasser.
Toutes les villes dépensent beaucoup pour l’élimination des déchets : mise en place de décharges, collecte par camions, puis élimination en périphérie. À mesure que les limites des villes s’étendent, la distance à parcourir pour éliminer les déchets augmente, tout comme les nuisances liées à la collecte et au transport des déchets à travers les villes. Il va sans dire que ces systèmes d’élimination des déchets tombent souvent en panne, ce qui entraîne l’accumulation d’énormes quantités de déchets dans les villes, causant pollution, nuisances et maladies.
Les déchets des marchés de fruits et légumes des villes constituent un autre problème majeur d’élimination. Toutes ces choses posent problème parce qu’elles sont mal conçues. Chaque déchet organique est une source potentielle d’énergie ; il peut servir de nourriture à quelqu’un d’autre ou être transformé en engrais et en combustible utiles. Les déchets doivent donc être traités « scientifiquement » en gardant cela à l’esprit.
Jusqu’à présent, la production industrielle reposait sur un principe linéaire, selon lequel les matières premières étaient transformées en produits commercialisables, et tous les résidus étaient considérés comme des déchets s’ils ne pouvaient être vendus à des prix compétitifs. L’élimination des déchets industriels posait donc un problème majeur. Les rivières, les lacs et les terrains vagues autour des zones industrielles ont été pollués par les déchets industriels. Autour des sucreries, on sentait l’odeur de la mélasse à des kilomètres à la ronde, jusqu’à ce qu’on trouve une utilisation commerciale à la mélasse en la transformant en alcool. La fumée reste un problème très important. Depuis peu, des efforts considérables sont déployés pour transformer les déchets industriels en produits utiles. Ces efforts doivent être intensifiés. Aucune industrie ne devrait être autorisée à s’implanter tant qu’elle n’a pas adopté le cycle de vie des produits. Le progrès ne doit pas être confondu avec une exploitation aveugle de tout ce qui se présente à nous. Le progrès résulte d’un choix judicieux des activités utiles à l’humanité.