Dans le continuum autochtone, le temps est conçu comme circulaire et non linéaire. Il englobe des systèmes dynamiques interconnectés et interdépendants avec le monde naturel. La notion du temps profond intègre les systèmes de connaissances autochtones, géologiques, socioculturels et relationnels, dans un concept qui rend compte de toutes les relations avec les êtres humains et non-humains, les lieux, et le cycle des saisons.

Les pratiques liées à la terre désignent un ensemble de méthodes interactionnelles, incarnées et spécifiques à un lieu qui visent à dépasser la perception de la terre comme une propriété ou une ressource. La terre est ainsi considérée comme un proche vivant, un enseignant et une source de connaissances avec laquelle des relations, des obligations et des compréhensions se forment et se renouvellent constamment.

Contrairement à la création de lieux, la pratique de maintien des lieux est ancrée dans la continuité et met l’accent sur la protection et la gestion des terres par les peuples autochtones. Elle vise à entretenir les relations écologiques existantes, à approfondir notre compréhension des récits culturels et écologiques liés au territoire, à honorer les connaissances ancestrales et à veiller à ce que le développement soutienne la présence autochtone plutôt que de la déloger.

L’expression terra nullius issue du latin désigne « la terre n’appartenant à personne ». Elle trouve son origine dans le droit romain, plus précisément dans la bulle pontificale Inter caetera de 1491, et a ensuite été adaptée dans le discours juridique et colonial européen. Ce concept a pris une importance particulière aux XVIIIe et XIXe siècles, au côté de la Doctrine de la découverte, alors qu’ils ont servis à justifier sur le plan moral, juridique et spirituel l’acquisition de territoires considérés « vides » ou « inoccupées » par les puissances coloniales.

Ce cadre de pensée considère les peuples autochtones non-chrétiens comme des sous-humains ce qui permet de normaliser les pratiques d’esclavage et de vol de terres commis à leur égard. En moins de deux siècles d’occupation, les terres « vides » de l’île de la Tortue ont été attribuées à des propriétaires fonciers occidentaux, dont certains noms font encore référence à des zones urbaines. Bien qu’en 2023 le Vatican a abrogé la doctrine de la découverte sous le pape François, son héritage subsiste dans certains cadres légaux canadiens.

La souveraineté narrative désigne l’autodétermination en matière de représentation culturelle, de création de récits et la construction de sens. Elle implique le transfert du pouvoir de représentation des tiers vers les communautés autochtones et marginalisées, qui reprennent la capacité de façonner, de partager et de protéger leurs récits d’une manière qui reflète les valeurs, les visions du monde et les objectifs politiques de leurs communautés. La transmission orale – en tant que méthode de préservation et de diffusion de la culture, de la mémoire, et du droit à l’identité – permet de remettre en question les schémas narratifs historiques et culturels dominants qui réduisent au silence, déforment ou commercialisent les voix et les connaissances autochtones.