Un dictionnaire avec un seul mot
Ou, une biographie du bungalow
- 1855
- BÁNGLÁ, forme altérée, BUNGALOW, Beng. (probablement de Banga, Bengale) Pavillon au toit de chaume, comme ceux habituellement occupés par les Européens dans les provinces coloniales ou dans les campements militaires1.
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H. H. Wilson, A Glossary of Judicial and Revenue Terms and of Useful Words Occurring in Official Documents Relating to the Administration of the Government of British India, Londres, W.H. Allen and Co., 1855, p. 59. ↩
- 1886
- En Inde, désigne un type de villa ou de maison rurale.
Les bungalows, qui constituent la principale forme de résidence pour les Européens, sont de toutes tailles et de styles divers, adaptés aux goûts et au niveau d’aisance financière de leur propriétaire. Certains comportent deux niveaux, mais la plupart du temps, ils sont de plain-pied et invariablement entourés d’une véranda dont le profond avant-toit protège de l’ardeur des rayons du soleil. Tandis que dans les grandes villes de Calcutta, de Madras et de Bombay, certains bungalows sont de véritables palais, dans les régions plus rurales, ils ont des prétentions bien plus modestes. En général, ils comportent des offices attenants, pouvant loger la nombreuse domesticité qu’il est coutume d’entretenir en Inde. En plus de ces résidences privées, on trouve d’immenses bungalows militaires qui servent de cantonnements pour les soldats. De même, des bungalows publics gérés pas l’État colonial, qui les met à la disposition des voyageurs de passage, tiennent à la fois de l’auberge de bord de route anglaise et du caravansérail oriental. Bien qu’ils n’offrent pas tous le même degré de confort, ces bungalows sont réalisés selon le même plan : de forme quadrangulaire, de plain-pied, avec un toit à double pente recouvert de chaume ou de tuiles, se projetant en surplomb de façon à former un portique ou une véranda1.
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Chambers’s Encyclopædia: A Dictionary of Universal Knowledge for the People, volume II, Londres, W. & R. Chambers, 1886, p. 425-426. ↩
- 1891
- Parlons maintenant des bungalows et des autres maisons de ce type. Qu’est-ce qu’un bungalow?
Si l’on n’a jamais voyagé à l’extérieur de l’Europe, notre imagination nous transporte immédiatement en Inde, ce pays au soleil ardent et aux terres arides, avec ses maisons basses, trapues, allongées et de plain-pied, avec de grandes vérandas, des fenêtres à treillis, des toits plats et tous les moyens possibles et imaginables pour se protéger des rayons brûlants du soleil et conserver le plus de fraîcheur possible. Ou alors, on peut évoquer les villages rudimentaires d’une de nos colonies, où les maisons ou huttes, construites de bois à peine dégrossi, et aux toits de bardeaux, nous donnent l’impression, s’il en est, de « vivre à la dure ».
Mais ce n’est pas ce type de bungalow qui convient à notre climat. Il n’est pas non plus nécessaire qu’il soit de plain-pied ou qu’il prenne la forme d’un pavillon de campagne (cottage). Autant ce dernier est une petite maison qui se trouve à la campagne, autant un bungalow est une petite maison de campagne — un petit endroit convivial et chaleureux, avec vérandas et balcons, dont le plan a été conçu pour assurer un confort total, et offrir un cachet rustique et une sensation de bien-être1.
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Robert Alexander Briggs, « Preface », dans Bungalows and Country Residences: A Series of Designs, and Examples of Executed Works, Londres, B.T. Batsford, 1891. ↩
- 1903
- Le type d’habitation le plus répandu chez les Européens, dans les régions centrales de l’Inde; de plain-pied, surmonté d’un toit pyramidal habituellement recouvert de chaume, mais qui peut être remplacé par une couverture de tuiles sans perdre pour autant l’appellation de bungalow…
Un bungalow peut aussi désigner un petit bâtiment du type de celui que nous avons déjà décrit, mais d’usage plus temporaire, placé dans un jardin ou sur un toit en terrasse, et constituant un espace pour dormir, etc. Le terme a également été adopté par les Français vivant en Orient et, en général, par les Européens installés sur l’île de Ceylan, en Chine, au Japon et sur les côtes africaines…
On doit se rappeler que dans le sous-continent indien, l’adjectif qui signifie « provenant du Bengale », ou « qui a un rapport avec le Bengale » est prononcé banga˘la¯ ou bangla¯. C’est pourquoi une des périodes historiques de l’Inde ancienne est appelée l’ère Bangla¯. Il est fort possible que les Européens commencèrent à bâtir des maisons de ce style dans l’État du Bihar et dans le nord du pays, où les constructions de ce type furent appelées Bangla¯ ou « maisons à la manière bengalaise »; et c’est de là que provient le terme adopté par les premiers Européens eux-mêmes et leurs successeurs. Il fut ensuite ramené au Bengale et diffusé dans d’autres régions de l’Inde1.
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Henry Yule, A. C. Burnell et William Crooke, Hobson-Jobson: a Glossary of Anglo-Indian Words and Phrases : and of Kindred Terms, Etymological, Historical, Geographical, and Discursive, Londres, J. Murray, 1903, p. 128. ↩
- 1906
- Il n’y a rien d’affecté ou de factice dans ces petites maisons. Elles ne sont ni consciemment artistiques, ni intentionnellement rustiques. Elles sont l’expression simple et spontanée des besoins de leur propriétaire et, à ce titre, on peut considérer qu’elles illustrent les meilleurs principes architecturaux qui soient. Bien sûr, leur mode de construction ne pourrait être plus précaire; au-delà de deux niveaux, elles ne peuvent s’élever1.
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Frederick T. Hodgson, Practical Bungalows and Cottages for Town and Country, Chicago, F.J. Drake & Co., 1906, p. 34. ↩
- 1908
- Le bungalow représente une forme tangible de protestation élevée par la société moderne contre les contraintes de l’existence et la morosité née de la routine. Le bungalow est convivial et atteint presque à cet idéal que l’on voit se dessiner dans les ombres irréelles d’une nuit agitée, où, reposant sur le canapé, on se prend à rêver d’un havre de paix… Il pourrait avoir un toit large et aplati dont la ligne se poursuit jusque très bas, formant couverture pour le porche; il possède une cheminée aux dimensions généreuses, un patio avec une fontaine et des vérandas de bonne taille pouvant accueillir salons et salles à manger, et disposées de telle façon qu’on pourrait, à notre convenance et à l’aide de paravents de bois amovibles, les diviser ou bien en faire une seule pièce1.
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Radford’s Artistic Bungalows, Chicago, Radford Architectural Co., vers 1908, p. 3. ↩
- 1908
- Pour être précis, le terme bungalow décrit une maison de plain-pied, avec un toit de chaume ou recouvert de tuiles, et une large véranda qui s’étend sur au moins trois de ses côtés.
Le mot est d’origine anglo-indienne; il fut d’abord utilisé pour décrire ce type de constructions, si répandu en Inde.
Depuis bien des années, la capacité d’adaptation de cette forme d’habitation aux besoins des familles de taille moyenne a été décelée par les architectes, et les résultats qui en ont découlé, particulièrement sur la côte Ouest, où les conditions climatiques favorisent la construction de ce type de maisons, ont été extrêmement satisfaisants.
Dans le cas où un second niveau a été ajouté, le bâtiment perd ses principales caractéristiques et ne peut plus être véritablement désigné comme un bungalow. Il devient alors tout simplement un pavillon ayant emprunté ses lignes au bungalow1.
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The American Architect and Building News no 94 (19 août 1908), p. 63. ↩
- 1909
- C’est l’exemple d’une habitation réduite à sa plus simple expression…
Il ne manque jamais de s’harmoniser avec son environnement, car ses proportions ramassées et basses, et son absence totale d’ornementation lui confèrent un caractère si naturel et sans affectation qu’il semble littéralement se fondre dans le paysage alentour.
Il peut être construit à partir de n’importe quel matériau local. Et avec la main-d’œuvre que les artisans locaux sont à même de fournir, il n’est jamais très coûteux à réaliser, sauf s’il est plus élaboré, ce qui serait contraire à son véritable caractère, qui est celui d’une habitation rudimentaire. Il est beau, car il est conçu et construit pour répondre à des besoins élémentaires, de la manière la plus simple et la plus directe qui soit…1
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Gustav Stickley, Craftsman Homes, New York, Craftsman Pub. Co., vers 1909, p. 89. ↩
- 1916
- Le bungalow, tel qu’on le connaît aux États-Unis, doit son existence au climat tempéré de la Californie et des États du Sud-Ouest américain, qui poussa les constructeurs immobiliers à rechercher une relation plus étroite avec les grands espaces naturels. C’est une idée typiquement américaine1.
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Building a Bungalow, New York: The Atlas Portland Cement Company, vers 1916, p. 3. ↩
- 1926
- L’engouement pour les bungalows, amorcé au tournant du siècle, constituait une réaction plus radicale, valorisant un rapprochement avec la nature et une simplicité rustique; en 1926, ses caractéristiques propres sont devenues à peine discernables, tant les porches, si inhérents au concept de bungalow, sont devenus pratiquement omniprésents1.
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« Publisher’s note », dans Honor Bilt Modern Homes, Chicago, Sears, Roebuck & Co., 1926. ↩
- 1942
- Le bungalow néo-zélandais moyen, produit du spéculateur foncier et du constructeur, constitue l’habitation typique d’un grand pourcentage de la population.
Habituellement construit en bois avec un toit de tôle ondulée à la pente aplatie, ses principales caractéristiques sont un profil de toiture désordonné et des fenêtres surchargées, avec pour constante, une ligne de fenestration haute et des impostes où s’attardent des traces d’Art nouveau. Le plan est généralement simple, comptant quatre ou cinq pièces et un grand espace de circulation, et soigneusement orienté vers la rue, sans considération aucune des questions d’exposition au soleil ou au vent, ni de protection de l’intimité1.
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H. Courtney Archer, “Architecture in New Zealand,” The Architectural Review no 91 (mars 1942), p. 54. ↩
- 1962
- Une habitation de plain-pied, de construction légère, selon la tradition orientale. L’expression ironique « croissances bungaloïdes » (prolifération pavillonnaire) fut tournée au XXe siècle pour décrire les excroissances mal conçues et pauvrement construites des banlieues qui bordent notre littoral et longent nos autoroutes1.
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Martin S. Briggs, Everyman’s Concise Encyclopaedia of Architecture, Londres, J.M. Dent, 1962, p. 62. ↩
- 1986
- L’expression émotionnellement chargée de « gangrène pavillonnaire » est de plus en plus couramment employée par ceux qui s’inquiètent de la progression des cités linéaires et de l’étalement urbain…
Pourquoi tant de citadins souhaitent-ils avoir un pied-à-terre à la campagne ? À cela, il y a certainement plusieurs raisons, parmi lesquelles le désir de fuir les problèmes sociaux et les pressions de la vie urbaine. Depuis sa publication, en 1971, Bungalow Bliss s’est vendu à plus de 100 000 exemplaires, ce qui montre bien l’importance de cette préoccupation. C’est pour moi une grande source de joie, que, d’avoir eu le privilège d’aider autant de personnes1.
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Jack Fitszimons, « Preface », in Bungalow Bliss, 8e ed., Meath, Ireland: Kells Art Studios, 1986. ↩
Ces définitions ont été rassemblées pour Trajets: comment la mobilité des fruits, des idées et des architectures recompose notre environnement, une exposition que nous avons produite en 2010 avec la publication associée.