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Thuto Durkac-Somo considère les frictions inhérentes à l'architecture en réseau
Lorsque j’ai entendu pour la première fois des architectes désigner une personne par le terme « user » [usager, usagère / utilisateur, utilisatrice], j’ai d’abord cru à une erreur de catégorie. Sans doute ce mot devait désigner une personne de la clientèle ou de l’équipe du cabinet. Les ordinateurs distinguent les personnes utilisatrices selon des comptes de connexion distincts, avec des autorisations différentes permettant de modifier les logiciels et les paramètres du système. J’utilise ma cuisinière pour cuisiner et mon lit pour dormir. Suis-je un usager architectural de mon appartement? Est-ce que j’utilise l’architecture de mon bureau de la même façon que j’utilise Evernote pour faire ma liste de courses? Mes rôles en tant qu’utilisateur de l’espace et utilisateur de la technologie ont fusionné en 2020, alors que je passais plus de temps que jamais à un bureau : au cours de l’été, après des années consacrées à la lecture de forums sur la manière de combiner les systèmes Mac et Windows en une seule machine, je me suis lancé dans la fabrication d’un ordinateur.
Pour commencer, j’ai vérifié la liste de compatibilité des différentes pièces, avant de les insérer dans un boîtier en acier galvanisé blanc à revêtement par poudre et doté d’une fenêtre en verre trempé. Pour me connecter à internet, j’ai fait passer un câble Ethernet de ma salle à manger à mon salon, en traversant deux portes et en passant derrière le canapé. Après l’échec d’une première installation, j’ai cherché des conseils sur Reddit et Discord. Pour mes colocataires et mon chat, l’ordinateur représentait un nouvel élément de notre mobilier. Sur plusieurs mois de l’année 2020, mon ordinateur et mon bureau sont ainsi devenus à la fois mon lieu de travail à distance et mon lien social avec mes proches. Sans beaucoup d’espace de manœuvre, l’écran était disposé sur un bureau devant trois baies vitrées, un agencement qui, en 2023, trône toujours à côté de mon bureau, dans son boîtier blanc.
Pour m’assurer que mon ordinateur ne se contente pas simplement de fonctionner, mais qu’il exploite pleinement son potentiel, j’ai effectué des tests de résistance et modifié les paramètres du processeur graphique pour augmenter légèrement le nombre d’images par seconde. J’ai finalement trouvé le réglage optimal en calibrant le système jusqu’à ce qu’il soit sur le point de planter. Contrairement à mon ordinateur, les technologies domotiques sont présentées sans tutoriels ni tests de résistance. Il nous est promis une machine qui camoufle toutes ses fonctionnalités, tout en facilitant les routines de notre vie domestique – c’est-à-dire en enseignant à notre maison la façon dont nous souhaitons en faire usage.
En 1966, Jim Sutherland travaille comme ingénieur chez Westinghouse Electric à Pittsburgh et collecte des surplus de blocs d’alimentation, de châssis de montage et de circuits imprimés provenant d’un Prodac-IV Westinghouse pour fabriquer l’ECHO-IV, la première « maison intelligente ». Un diagramme de ce système indique que le boîtier de l’ordinateur mesure environ 1,8 mètre de haut, 2 mètres de large et 45 centimètres de profondeur. À partir de la console du programmeur, l’ECHO-IV permet de contrôler le réveil de la chambre à coucher et le thermostat du four, et d’ajuster l’antenne de télévision. Jim affirmait en plaisantant que l’Echo IV était un ordinateur autour duquel sa maison avait été construite. En 1967, lors la convention de l’American Home Economics Association à Dallas, sa femme Ruth Sutherland témoigne de la vie de sa famille en compagnie de l’ECHO-IV. « J’ai d’abord cru qu’il allait vraiment me remplacer! À en juger par les dessins animés et les blagues que l’on peut voir et entendre sur les ordinateurs, n’est-ce pas l’impression générale que la plupart des femmes au foyer auraient aujourd’hui si elles découvraient subitement la présence d’un ordinateur chez elles? »1 Ruth fait part de son étonnement et de sa confusion avant d’exprimer son optimisme à l’idée qu’un ordinateur pourrait devenir un outil précieux pour l’aider dans ses différentes tâches. « Ne serait-ce pas merveilleux s’ils [les ordinateurs] pouvaient permettre aux parents de passer plus de temps avec leurs enfants, et ainsi contribuer au bonheur de tous les foyers? »2
Les Sutherland incarnaient la famille idéale du futur. Au cours de sa présentation, Ruth organise un sondage, interrogeant les personnes présentes : de quelles manières les ordinateurs domestiques pourraient-ils vous aider? Voici quelques-unes des réponses obtenues : nourrir le bébé pendant la nuit, dresser la liste des courses, nettoyer la voiture, verrouiller toutes les portes le soir venu, gérer la comptabilité familiale, avertir lorsque les ordonnances doivent être renouvelées3. Ces tâches identifiaient un archétype qui commençait à gagner du terrain dans la recherche informatique. Parallèlement aux expériences des Sutherland, Joseph Weizenbaum dévoile au Massachusetts Institute of Technology le programme informatique de traitement du langage ELIZA : un agent conversationnel conçu pour répondre aux échanges à la manière des psychothérapeutes de l’approche rogérienne. Selon Weizenbaum, ELIZA était une sorte d’« actrice qui maîtrise un ensemble de méthodes, mais qui ne peut rien dire de son propre chef »4. Le script informatique d’ELIZA est davantage pensé comme une « parodie » que comme un substitut, elle identifie les mots-clés tapés par la personne qui s’adresse à elle pour formuler ses réponses :
Les hommes sont tous les mêmes.
COMMENT ÇA
Ils sont toujours en train de nous embêter pour une chose ou une autre.
POUVEZ-VOUS DONNER UN EXEMPLE PRÉCIS
Eh bien, c’est mon compagnon qui a voulu que je vienne ici.
VOTRE COMPAGNON VOUS A FAIT VENIR ICI5
De même que le fait de doter ELIZA d’une persona féminine confortait les utilisateurs dans leurs confidences, Weizenbaum considérait son programme comme un outil à modeler.
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Dag Spicer, « The Echo IV Home Computer: 50 Years Later », Computer History Museum, 16 août 2019, https://computerhistory.org/blog/the-echo-iv-home-computer-50-years-later/. ↩
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Spicer, « The Echo IV Home Computer: 50 Years Later ». ↩
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Spicer, « The Echo IV Home Computer: 50 Years Later ». ↩
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Joseph Weizenbaum, Computer Power and Human Reason: Steps toward the Mechanization of Thought, San Francisco, CA, W.H. Freeman, 1976, 188. [Traduit en français par Marie-Thérèse Margulici sous le titre Puissance de l’ordinateur et raison de l’homme : du jugement au calcul, Éditions d’Informatique, Boulogne-sur-Sein, 1981]. ↩
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Weizenbaum, Computer Power and Human Reason: Steps toward the Mechanization of Thought, 3. ↩
L’artiste Stephanie Deumer a mis en évidence la manière dont l’évolution des logiciels d’assistance personnelle est restée enracinée dans le patriarcat : « Les caractéristiques de genre socialement codifiées, la raison pour laquelle les femmes ont été employées pour travailler dans l’industrie informatique en premier lieu, sont désormais encodées dans les ordinateurs mêmes. »1 Le film Spooky Action at a Distance (2019) de Deumer révèle le renforcement des rôles liés au genre qui se cache derrière la magie de la technologie. La vidéo à deux canaux juxtapose les voix des assistantes virtuelles avec le silence gardé par les assistantes au cours des spectacles de magie. Comme le propose Deumer, les femmes que les illusionnistes ligotent puis font disparaître soudainement se retrouvent peut-être dans la boîte noire de nos appareils intelligents qui s’animent lorsqu’on les interpelle par leurs noms féminins. Une plus grande efficacité technique peut balayer la reconnaissance du travail humain, ce transfert du labeur des personnes vers la machine a été tenté dès la genèse de ces technologies qui n’étaient pas encore adaptées au public consommateur. Peu à peu, l’ordinateur domestique est passé du statut d’intendant à celui de dispositif de contrôle.
C’est précisément ce que montre le court métrage de science-fiction 1999 A.D., réalisé par Lee Madden en 1967 et produit à l’occasion du 75e anniversaire du fabricant d’électronique Philco (rebaptisé Philco-Ford, filiale de l’entreprise automobile). La voix d’Alexander Scourby nous présente une journée ordinaire de la famille Shaw, composée de l’astrophysicien Michael, de sa femme Karen et de leur fils Jamie. Ce dernier étudie l’astronomie en suivant des cours à l’ordinateur. Karen prépare le déjeuner, en sélectionnant des recettes selon le nombre de calories recommandé par l’ordinateur. Mike paie les factures et rédige des correspondances électroniques, le tout à l’aide de la machine informatique. Les souhaits des femmes au foyer interrogées par Ruth Sutherland à Dallas deviennent la réalité de la famille Shaw. La narration de Scourby nous apprend que « si la vie informatisée peut parfois exiger son tribut, elle offre toutefois des satisfactions tout à fait remarquables »2. Ainsi, Karen peut s’adonner à son passe-temps, la céramique, grâce à l’ordinateur qui a pris en charge les tâches ménagères. Pourtant, nous observons les membres de cette famille passer le plus clair de leurs temps en solitaire. Le fils et la mère jouent du piano en duo, le père et le fils font de l’exercice, mais ces moments de loisir restent brefs.
La maison des Shaw, truffée d’écrans et d’appareils Philco, est embellie par le mobilier de la famille . La décoration intérieure a été confiée à Paul McCobb, qui a choisi de compiler des meubles phares du style Mid-century Modern : des fauteuils Swan d’Arne Jacobsen pour s’installer devant la télévision, des chaises chromées Virtue Brothers pour travailler, des Thonet 209 pour la table du dîner. Les goûts des Shaw en matière de mobilier confortent l’architecture domotique, le film laisse penser que toute famille aménageant une maison intelligente nourrit également des préoccupations esthétiques pointues.
En 2021, le fabricant de systèmes de sécurité Ring (une filiale d’Amazon) annonce sa caméra volante Always Home Cam, un drone de surveillance intérieure par une vidéo publicitaire dans laquelle on peut voir l’appareil flotter à travers une maison familiale moderne décorée de plantes d’intérieur, de tabourets de bar autour d’un îlot de cuisine, et d’un Le Creuset posé sur la cuisinière. C’est un style omniprésent que l’on peut se procurer dans les catalogues Ikea ou West Elm. Le drone est partout quand on en a besoin, mais se fait discret dans les moments où il n’est pas utile (bien que l’on pourrait dire que cette caméra volante détonne dans la mesure où elle n’apporte aucune valeur ajoutée au décor de la maison). À l’époque de Philco-Ford, la maison intelligente recueillait des données sur la famille, mais on ne comprenait pas encore comment la technologie analysait les personnes qui l’utilisaient – il n’existait pas de politique de protection de la vie privée. Aujourd’hui, c’est ce qui nous vient immédiatement à l’esprit en regardant ces caméras de sécurité. Où sont les « satisfactions remarquables » promises en 1967?
Dans le numéro de 1995 de la revue Architectural Design consacrée au cyberespace, l’artiste Roy Ascott affirme que « le besoin d’une architecture des interfaces et des nœuds perdurera »1. Pour l’auteur, les personnes utilisatrices vivaient déjà les conséquences de la téléprésence, « la province du soi distribué, des réunions de personnes éloignées les unes des autres dans le cyberespace, de l’existence connectée »2. S’adapter à la cyberculture en expansion pourrait nécessiter une réévaluation des communautés face aux symbioses entre ordinateur et corps. Les « nœuds » évoqués par Ascott sont devenus des logiciels d’assistance vocale présentés comme des objets de design. Nous partageons nos informations corporelles avec les miroirs connectés et nos données biométriques pour définir un entraînement personnalisé. Il est évident que cette interaction instantanée produit des effets secondaires.
Le scénario dystopique d’une maison intelligente échappant à tout contrôle occulte souvent les incidents plus pragmatiques liés à la négligence des propriétaires ou à l’exploitation de systèmes qui conduisent à des abus3. La fiction nous raconte des histoires dans lesquelles l’IA domestique malmène les personnes qui l’habitent, mais la défaillance dans la société réelle apparaît comme une nouvelle forme de contrôle . Selon un rapport publié en 2019 par Dell Cameron et Dhruv Mehrotal pour le site internet Gizmodo, il est possible d’utiliser l’application Neighbors développée par Amazon Ring pour coordonner la localisation des caméras sur les cartes de la ville4. Si les images sont disponibles, trouver une maison précise en se basant sur des repères permet de localiser efficacement les propriétaires de Ring. Ce qui explique l’appel lancé par le sénateur du Massachusetts Ed Markey, qui demande à Amazon de clarifier les conditions d’accès de ses caméras. « Étant donné que les produits Ring enregistrent des volumes importants de données audio sur les propriétés privées et publiques à proximité des habitations équipées de sonnettes Ring – y compris des enregistrements de conversations que les personnes considèrent naturellement comme privées – le droit des individus à se réunir, à se déplacer et à converser sans être surveillés et enregistrés est menacé », écrit Markey en juin 20225. Le vice-président de la politique publique d’Amazon, Brian Huseman, lui a répondu le mois suivant, en réaffirmant que les dispositifs de caméra et de micro sont essentiels à la fonctionnalité attendue par la clientèle du produit.
La surveillance s’incorpore à nos routines. A Machine for Living In (2018) de l’artiste Robert Twomey opère comme une performance et un espace de vie hybride, exposant les comportements de l’humain et de la machine, afin de révéler la perspective de la technologie et de matérialiser les données de la vie domestique. Selon les mots de l’artiste, « la maison est un instrument d’observation visant à dresser un portrait durable de la vie intime »6. Des caméras, des microphones et des détecteurs de mouvement enregistrent les actions des personnes : la fermeture d’une poubelle, la vibration des pieds qui courent dans le couloir, la chasse d’eau, tout cela capté en temps réel. Dans la maison intelligente de Twomey, la technologie n’a pas été installée pour soulager les contraintes de la vie domestique, mais plutôt pour la valider à travers des données quantitatives. Les métadonnées racontent une histoire en degrés de présence domestique plutôt qu’en termes d’efficacité. A Machine for Living In s’en tenait à un optimisme qui recherchait « des rencontres réciproquement instructives entre les personnes et les machines, à travers lesquelles chacune révèle quelque chose à propos de l’autre »7.
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Roy Ascott, « L’Architecture de la Cyber perception », dans Les cinq sens de la création : art, technologie et sensorialité, Mario Borillo et Anne Sauvageot (dirs.), Seyssel, Champ Vallon, 1996, 194 [Référence originale : « The Architecture of Cyberception », Architectural Design, 1995, 41.] ↩
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Ascott, « L’Architecture de la Cyber perception », 193. ↩
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Rachel Cericola, « Buyer Beware: Used Nest Cams Can Let People Spy on You », New York Times, 20 juin 2019, https://www.nytimes.com/wirecutter/blog/used-nest-cams-can-let-people-spy-on-you/. ↩
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Dell Cameron et Dhruv Mehrotra, « Ring’s Hidden Data Let Us Map Amazon’s Sprawling Home Surveillance Network », Gizmodo, 9 décembre 2019, https://gizmodo.com/ring-s-hidden-data-let-us-map-amazons-sprawling-home-su-1840312279. ↩
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Edward J. Markey à Andrew Jassy, United States Senate, 2022, https://www.markey.senate.gov/imo/media/doc/senator_markey_letter_to_amazon_on_ring_audio_and_law_enforcement.pdf. ↩
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Robert Twomey, « Machines for Living », Thèse de PhD., University of Washington, 2018, 67. ↩
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Twomey, « Machines for Living », 107. ↩
L’utilité de matérialiser et encoder nos existences dans des maisons intelligentes ne se limite pas à la compréhension de nos performances domestiques privées. En 2013, des spécialistes de la Washington State University ont étudié comment un environnement d’observation en réseau pouvait permettre des évaluations en matière de santé, concluant que les technologies domotiques pouvaient permettre d’utiliser les activités quotidiennes des personnes participantes pour prédire leur état de santé cognitive. La recherche a porté sur 179 personnes, regroupées selon leur âge et leur état de santé cognitive. Des tâches quotidiennes leur ont été assignées et leur déroulement a été mesuré à l’aide de capteurs installés sur des objets, ce qui a permis de prédire la « qualité des activités quotidiennes »1. Si la routine est corrélée à la santé, ses variations sont probablement un signe défavorable. De même, pour que la technologie optimise pleinement nos vies domestiques, au-delà de la prise en charge des tâches ménagères, il nous faudra consentir de plus en plus à l’utilisation de données biométriques.
Catalog for the Post-Human (2021) de l’atelier d’art et de design Parsons & Charlesworth, dont le prototype a été présenté lors de la 17e biennale d’architecture de Venise, témoigne de cette évolution. Ce catalogue imagine un futur proche « où le succès dépend de notre capacité à maintenir une acuité cognitive permanente, à nous évaluer à l’aide de données et à travailler de longues et irrégulières heures au sein d’entreprises pilotées par des algorithmes […] »2. Leurs produits spéculatifs répondent aux besoins suivants : gestion cognitive, récupération accélérée, bien-être optimisé et productivité améliorée. Certains articles semblent déjà faire partie de nos existences en réseau – une StressWatch™ pour mesurer le niveau de stress par la salive. « Le métier d’influenceur, influenceuse est un travail à plein temps, mais grâce à ClickBaitWear™, il est possible de vaquer à ses occupations sans avoir à créer son propre contenu. »3 D’autres ne sont pas fort éloignés de nos réalités – SleepSnackers™ aident à « pirater votre rythme circadien, en obligeant votre corps à dormir et à se réveiller en fonction de vos engagements. »4 Le futur proposé par Parsons & Charlesworth prépare la personne au travail lorsqu’elle n’est pas au travail. Les produits se veulent une critique des exigences imposées à la main-d’œuvre « contingente », un terme générique qui désigne les personnes travaillant à temps partiel ou à leur compte. Ces produits s’adressent donc aux membres de l’économie à la demande , qui doivent optimiser leurs performances. Que faire lorsque la principale concurrence de cette main-d’œuvre contingente est de plus en plus artificielle? Les extensions prospectives de Parsons et Charlesworth répondent au « tribut » de 1999 A.D. par plusieurs « modestes propositions ».
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Prafulla N. Dawadi, Diane J. Cook, et Maureen Schmitter-Edgecombe, « Automated Cognitive Health Assessment Using Smart Home Monitoring of Complex Tasks », IEEE Transactions on Systems, Man, and Cybernetics: Systems 43, no. 6, 2013, 1302-13. ↩
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Tim Parsons et Jessica Charlesworth, « Catalog for the Post-Human – Venice Architecture Biennale 2021 », Parsons & Charlesworth, 2021, https://parsonscharlesworth.com/catalog-for-the-post-human-venice-architecture-biennale-2021/. ↩
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Parsons et Charlesworth, « Catalog for the Post-Human ». ↩
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Parsons et Charlesworth, « Catalog for the Post-Human ». ↩
L’expérience idéale en tant qu’utilisateur d’un ordinateur repose pour moi dans la fonctionnalité. Bien sûr, si tout se passe bien, il n’y a pas lieu de chercher à résoudre des problèmes. Moins il y a de complications avec la technologie, moins il y a de chances d’apprendre comment elle fonctionne. Mais l’intégration de notre travail, de nos loisirs et de notre santé dans la technologie domotique en tant que dispositif, comme le dirait Giorgio Agamben, nous fait courir le risque de nous laisser gouverner par ces objets. Le plus grand intérêt de la maison intelligente pourrait en effet être de nous apprendre à mieux nous connaître (routines de santé, habitudes de sommeil, temps passé devant un écran). Quel rôle voulons-nous donner à l’architecture en réseau? Celui d’une personne au foyer, d’un parent protecteur, d’une plateforme de diffusion en continu? Quoi qu’il en soit, une nouvelle intimité avec notre chez-soi est en train de se construire. La maison intelligente n’a pas tant perfectionné la vie domestique qu’elle n’a accordé aux personnes qui l’utilisent de nouveaux privilèges administratifs.
Cet article a été traduit de l’anglais par Gauthier Lesturgie.