Conférence L’architecture comme sujet d’intérêt public 2023 : À qui s’adresse le travail?

Conférence, en anglais, En ligne, 26 septembre 2023, 14 h à 16 h

Samia Henni et Jay Pather en conversation

Cette première conférence L’architecture comme sujet d’intérêt public marque le lancement du Réseau de recherche du CCA, une entité qui réunit d’anciens participants aux programmes de recherche menés depuis près de quarante ans au CCA. Cette conférence annuelle prolonge l’exploration du thème de la bourse L’architecture comme sujet d’intérêt public, lequel est, en 2023, « À qui s’adresse le travail? ». Elle s’inscrit également dans l’objectif du Réseau de recherche du CCA de poursuivre les conversations que nos chercheurs ont entamées au fil des années, et de définir ensemble les enjeux liés à l’environnement bâti mondial qui devraient être à l’avant-plan de notre travail.

Les participants à nos programmes de recherche depuis la fondation du CCA sont automatiquement inscrits au Réseau de recherche. La conférence annuelle L’architecture comme sujet d’intérêt public aura lieu en ligne et est ouverte au public.

Cette première édition prendra la forme d’un dialogue entre l’historienne de l’architecture Samia Henni et le chorégraphe et universitaire Jay Pather, qui débattront de la façon dont diverses communautés peuvent être partie prenante du processus de recherche architecturale, notamment en ce qui concerne les problématiques urgentes d’intérêt public. Leur conversation portera sur des questions comme : Qui compte vraiment dans la recherche et l’architecture? Comment l’accès fonctionne-t-il? Comment les préoccupations de publics variés peuvent-elles être intégrées, et de quelles manières des voix alternatives pourraient-elles s’exprimer?

L’événement débutera avec une présentation par Henni et Pather de leurs projets de recherche, résumés ci-dessous, qui sera suivie d’une conversation animée par les membres du comité directeur du Réseau de recherche du CCA Arièle Dionne-Krosnick, Georgios Eftaxiopoulos, Nokubekezela Mchnu, Sara Stevens et Huda Tayob.

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Samia Henni à propos de Performing Colonial Toxicity [Les ressorts de la toxicité coloniale]

Entre 1960 et 1966, le régime colonial français a fait exploser dans le Sahara algérien quatre bombes atomiques atmosphériques et treize bombes nucléaires souterraines, en plus d’y mener d’autres expériences nucléaires et d’extraire ses ressources naturelles dans le processus. La contamination toxique du Sahara qui en a résulté a entraîné des retombées radioactives dans toute l’Algérie, l’Afrique du Nord, centrale et de l’Ouest, ainsi qu’en Méditerranée, causant des dommages irréversibles et toujours présents aux organismes vivants, aux cellules et aux particules dans les environnements naturels et bâtis. Les archives relatives au programme nucléaire français étant toujours inaccessibles plus de cinquante après, les détails historiques et les impacts toujours d’actualité demeurent en grande partie inconnus.

Au cours de la conférence de 2023 L’architecture comme sujet d’intérêt public, Henni évoquera l’exposition à venir Performing Colonial Toxicity au Framer Framed à Amsterdam (du 8 octobre 2023 au 14 janvier 2024), parrainée par If I Can’t Dance, I Don’t Want To Be A Part Of Your Revolution. L’exposition émane d’un projet de recherche plus vaste, qui comprend aussi la publication Colonial Toxicity: Rehearsing French Nuclear Architecture and Landscape in the Sahara et une base de données numérique en libre accès, The Testimony Translation Project. Le projet, structuré en trois parties, fait appel à différentes méthodes de spatialisation et de circulation de l’information occultée, et constitue un puissant appel à l’action pour l’accès aux archives encore classifiées et la décontamination des sites concernés – deux étapes cruciales pour révéler au grand jour les passés, présents et avenirs de la toxicité coloniale.

Jay Pather à propos d’Unmaking and Remaking Place [Défaire et refaire les lieux]. L’Infecting the City Festival du Cap comme espace de rupture avec la topographie et l’héritage de l’apartheid.

L’art public – en particulier ses défis, choix et controverses – fournit un baromètre utile pour comprendre les complexités inhérentes à l’édification d’un pays comme l’Afrique du Sud, qui tente de guérir des séquelles d’un passé tumultueux, marqué par le colonialisme et l’apartheid. L’Afrique du Sud conserve une topographie coloniale en apparence figée qui illustre graphiquement comment accès et propriété demeurent hors d’atteinte pour nombre de ses habitants. En partant de ce cadre de référence, Pather analyse les réussites et les échecs de l’Infecting the City Public Art Festival, un festival qu’il organise au Cap. Conscient de la place effervescente occupée par l’art public pour sonder les principes de la décolonialité et de la réinvention des lieux, il porte aussi son regard sur les enjeux entourant la création d’espaces pour le discours politique, la provocation, le militantisme et l’intimité. Il voit dans l’art un agent perturbateur essentiel de la topographie, cherchant à bousculer l’état d’anesthésie et l’héritage de paralysie caractéristiques du projet néolibéral dans le pays.

Influencé par l’argument du théoricien de la culture Achille Mbembe voulant que les rêves soient des « ensembles de pratiques et de modes de critique qui permettent à la vie de jaillir pour échapper à l’état dans lequel les structures de pouvoir, d’exploitation et d’asservissement la maintiennent », Pather explore le potentiel qu’a l’art public d’ébranler, déranger et faire rêver, nous permettant d’entrevoir, même brièvement, les moyens à notre disposition pour reconfigurer l’accès et le pouvoir au sein des espaces urbains.

Veuillez vous inscrire pour suivre l’événement en ligne.

Biographies

Samia Henni est historienne de l’architecture, créatrice d’expositions et professeure. Dans sa pratique, qui s’appuie sur des stratégies visuelles et textuelles, elle s’interroge sur les histoires de l’environnement bâti, détruit et imaginé, en particulier celles générées par les processus et mécanismes de la colonisation, des déplacements forcés, des armes nucléaires, de l’extraction des ressources et de la guerre. Les recherches de Henni ont notamment abouti à l’ouvrage primé Architecture de la contre-révolution : l’armée française dans le nord de l’Algérie (paru en édition française en 2019, et originellement en anglais en 2017 sous le titre Architecture of Counterrevolution: The French Army in Northern Algeria) et à Colonial Toxicity: Rehearsing French Radioactive Architecture and Landscape in the Sahara (2023), ainsi qu’aux livres War Zones (2018) et Deserts Are Not Empty (2022), qu’elle a dirigés; et à des expositions, dont Archives : Secret-Défense? (ifa Gallery/SAVVY Contemporary, Berlin, 2021), Pharmacologie du logement (Manifesta 13, Marseille, 2020) et Discreet Violence : l’architecture et la guerre française en Algérie (Zurich, Rotterdam, Berlin, Johannesburg, Paris, Prague, Ithaca, Philadelphie et Charlottesville, 2017–2022). Henni est actuellement professeure invitée à l’Institut für Geschichte und Theorie der Architektur (gta) de l’ETH Zürich. Elle a enseigné à la Cornell University, à la Haute École d’Art et de Design de Genève (HEAD), à la Princeton University et à l’ETH Zurich.

Jay Pather est chorégraphe, commissaire et universitaire. Installé au Cap, il est professeur agrégé et dirige l’Institute for Creative Arts à l’UCT; il est également organisateur de l’Infecting the City Public Art Festival et de l’ICA Live Art Festival. Il est par ailleurs commissaire pour Afrovibes aux Pays-Bas et pour la Bienal de Cuerpo, Imagen y Movimiento à Madrid. Pather a été conseiller curatorial pour le volet art vivant de la Saison Afrique 2020 dans différentes villes de France, co-commissaire pour Spielart à Munich et commissaire adjoint pour aux performances au Zeitz MOCAA. Il a récemment effectué des résidences au Festival of the Future City (Royaume-Uni), chez Independent Curators International (New York) et à la Haus der Kunst (Munich). En 2019, il a publié un livre, Acts of Transgression: Contemporary Live Art in South Africa, avec Catherine Boulle. Ses derniers articles en date sont parus dans Changing Metropolis, Rogue Urbanism, Performing Cities et Where Strangers Meet. Il a présidé le jury de l’International Award for Public Art, a été nommé membre associé de la University of London et été fait chevalier des Arts et des Lettres en France.

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