Le contexte sénégalais offre une riche palette de matériaux architecturaux, avec diverses utilisations de l’argile, de la pierre, du bois, des fibres et du ciment, qui sont extraits et fabriqués localement. Ces matériaux sont liés à des processus d’extraction et de transformation qui renvoient à l’histoire et à la dynamique des territoires, des populations, des systèmes de connaissances, des idéologies et des structures de pouvoir. Cependant, bon nombre de ces cultures architecturales ont cédé la place à une production architecturale générique dominée par le béton, le verre, l’acier et l’aluminium, des matériaux nouvellement répandus dont l’impact écologique est mis en évidence par la crise climatique et dont la disponibilité est limitée par la fragilité et les inégalités inhérentes à leurs chaînes d’approvisionnement internationales.

Aujourd’hui, un regain d’intérêt pour les matériaux locaux et les pratiques non extractives met en évidence l’impact profond de l’industrie du bâtiment sur les territoires d’origine, les écosystèmes humains et les économies locales. Pour les architectes réunis à l’occasion de cet événement, cet intérêt est soutenu par l’étude des territoires et des écosystèmes d’où proviennent les matériaux, ainsi que par les histoires humaines et politiques qui y sont liées. Si le passé peut nous apprendre à renouveler nos pratiques de construction, il est également important de prendre en compte les répercussions environnementales de ces pratiques afin de ne pas perpétuer les dommages causés par l’approvisionnement en matériaux.

Cette discussion vise à placer les processus d’extraction et de transformation des matériaux au cœur des décisions architecturales. Elle est organisée dans le cadre du programme CCA c/o Dakar qui, sous la direction de Nzinga B. Mboup, aborde l’architecture moderne Sénégalaise, ses protagonistes et ses histoires.