L’architecture en soi et autres mythes postmodernistes

Texte de la commissaire Sylvia Lavin
Exposition, Salles principales, 7 novembre au 7 avril

Le terme postmodernisme, qui au départ caractérisait une critique du modernisme en tant que dogme, finit à la longue par désigner un ensemble hétérogène de traits formels et stylistiques qui dominèrent la production architecturale en Occident jusqu’au début des années 1990 : l’usage de la couleur et de l’ornementation, le recours à des jeux linguistiques usant d’ironie et de double sens, les références historiques et figuratives et la mise en exergue de ce qui fut souvent appelé « l’art du dessin ». Exclus pourtant du vaste champ couvert par ce terme sont les formes institutionnelles, les technologies de la communication et de l’information, les économies et les matériaux, tout aussi nombreux, dans et avec lesquels les architectes produisirent leurs manifestes, axonométries et façades de bâtiment. Il semblerait en fait que la caractéristique la plus constante du terme postmodernisme n’est pas sa définition, mais plutôt son résultat, qui consista à présenter comme irréfutable le fait que des réalités comme les institutions qui paient pour les publications architecturales, le papier sur lequel sont tracés les dessins, ou l’asphalte qui donne de la couleur aux façades sont sans conséquence sur la nature fondamentale de l’architecture en tant que forme d’art et discipline indépendante qui serait, par essence, autonome et anhistorique. C’est ainsi que le postmodernisme a transformé l’architecture en un mythe de « l’architecture en soi ».

Comme tout mythe qui se respecte, « l’architecture en soi » s’organisa autour de figures héroïques et d’objets magiques qui assoient la vraisemblance de son « récit »; même ses détracteurs les plus virulents reconnaissaient d’ailleurs la fascination qu’exercent l’habileté et l’esprit mordant des architectes postmodernes, les surfaces brillantes de leurs bâtiments et la grande qualité de leurs dessins qui inondèrent les musées et les galeries. Pour comprendre pourquoi et comment ce mythe s’est élaboré et prit une forme particulière, il faut d’abord procéder à une remise en contexte radicale, puisqu’entre les années 1965 et 1990, les forces dominantes qui façonnèrent l’architecture n’étaient plus les imposantes charpentes métalliques ou les structures monolithiques en béton représentatives de la production industrielle moderne, mais, le plus souvent, les forces inscrites dans des petits objets riches en données, comme les antennes de télévision, les rampes, les carnets et autres notes de recherche… autant d’éléments généralement ignorés des historiens et des conservateurs de l’architecture. Tout particulièrement en Amérique du Nord, où les institutions, les technologies et les économies convergèrent en nœuds certes moins nombreux qu’ailleurs, mais plus denses et de portée plus large, ces petites choses furent les précurseurs des grands réseaux d’information.

Roland Barthes a comparé l’objet postmoderne idéal à l’Argo, le vaisseau du récit mythologique de Jason et des Argonautes dont peu à peu chaque pièce usée était remplacée lors de son long périple, jusqu’à ce qu’il ne reste, pour finir, rien du navire d’origine, à part son nom et son image. L’architecture en soi et autres mythes postmodernistes présente les reliquats de cette histoire postmoderne sur les symboles autonomes : Fragments architecturaux rejetés quand les bâtiments postmodernes commencèrent à se détériorer; dessins passés inaperçus parce qu’ils furent classés parmi des papiers administratifs; et photographies ignorées car elles représentaient des lieux sans prestige architectural. Ces artéfacts révèlent les processus étrangement normaux qui permirent d’ancrer « l’architecture en soi » dans le monde des choses. À l’époque où Argos conçut son vaisseau, les bâtiments étaient considérés comme des unités à ce point organiques qu’ils pouvaient être reconstruits entièrement à partir d’un seul morceau minuscule. Les fragments présentés ici ne prétendent pas à une telle portée mythologique, pas plus qu’ils n’ont besoin d’un architecte-héros pour les réassembler. Ils nous parlent plutôt d’un architecte moins héroïque et d’un récit de nature plus historique de l’inventivité postmoderne qui a imaginé et entretenu le mythe de « l’architecture en soi ».

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