L’architecture en soi et autres mythes postmodernistes relève plusieurs contingences gênantes et ignorées de la pratique architecturale postmoderniste. Les traces de ces forces externes sont souvent reléguées à des documents oubliés, sauvegarde de processus usuels, qui perturbent pourtant le maintien placide des mythes sur l’autonomie architecturale lorsqu’ils se trouvent rassemblés. En abordant des études de cas situées au-delà de l’Amérique du Nord, la série Pendant ce temps… examine comment les postmodernismes ont été façonnés par l’évolution des préoccupations et des aléas culturels.

L’architecte allemand O.M. Ungers est une figure clé de l’échange transatlantique des idées architecturales postmodernistes. Architecte et éducateur établi, Ungers quitte Berlin en 1968 pour s’établir à Cornell University. Rentré en Allemagne à la fin des années 1970, il reprend ses travaux avec un nouveau degré de théorisation. Ungers puise au discours « thématique » un récit de l’autonomie, ainsi qu’un capital culturel nouveau, jusqu’alors absent de sa production architecturale. À Francfort, Ungers, un ancien architecte du logement de masse, obtient des commissions civiques très visibles qui déploient de nouvelles tactiques de représentation dans l’espace urbain, notamment le Deutsches Architekturmuseum, ouvert en 1984.

L’historien de l’architecture et critique André Bideau vit à Zurich. Ses recherches portent sur la production architecturale et la situation urbaine depuis 1968, en particulier dans les travaux d’O.M. Ungers. Dans sa recherche actuelle, il examine le travail de l’historien d’urbanisme André Corboz, qui a enseigné à l’Université de Montréal de 1967 à 1980, puis à l’ETH de Zurich. Bideau enseigne lui-même des deux côtés de l’Atlantique, en ce moment à Accademia di architettura à Mendrisio. Il est l’un des fondateurs du Zentrum Architektur à Zürich où il occupe aussi le poste de conservateur.