Le mot « collaboratif » devrait nous rendre méfiants, tout comme le mot « durable », car tous les deux servent à justifier des projets et des relations. Mais sembler être ouvert à la collaboration, comme sembler être heureux au bureau, est une condition de l’insertion professionnelle, et le terme paraît donc incontournable et même vide, en particulier pour les architectes, qui ne peuvent de toute façon pas réaliser un projet uniquement par eux-mêmes. En même temps, nous entendons de plus en plus parler de « collectifs ». Alors que nous devons faire face à de nouvelles crises, ces deux concepts reflètent une société angoissée par l’idée que ses nombreux problèmes ont, peut-être, un rapport avec l’individualisme débridé.

Les architectes sont traditionnellement mal à l’aise quand il s’agit de reconnaître leur dépendance à d’autres acteurs, et Mon ami invisible les invite donc à présenter des projets réalisés avec des non-architectes et à lever le voile sur les amis invisibles sans lesquels leur travail ne serait pas possible. Chaque conférencier accomplit trois tâches :

1: raconter l’histoire d’une rencontre décisive avec une personnalité extérieure au domaine de l’architecture et expliquer en quoi celle-ci a créé une nouvelle forme de pratique;
2: choisir un non-architecte mort ou fictif avec lequel collaborer et expliquer pourquoi;
3: choisir un autre architecte contemporain et un collaborateur à leur infliger, et expliquer pourquoi.

Michiel van Iersel est un urbaniste, conservateur, auteur et professeur indépendant, actuellement boursier Loeb à la Harvard GSD. Il est cofondateur de Non-fiction, un collectif basé à Amsterdam qui s’intéresse aux valeurs et à l’engagement publics à travers de nouveaux rituels, des expositions et publications, ainsi que des événements. Van Iersel est mentor à la Gerrit Rietveld Academie/au Sandberg Instituut et chercheur universitaire à l’Academie van Bouwkunst à Amsterdam. Il est également cofondateur de De Verdieping, un espace de projet temporaire pour la culture expérimentale, et du projet de recherche en cours « Failed Architecture », qui porte sur les échecs architecturaux et urbains partout dans le monde. Il a été commissaire de la Biennale internationale d’architecture de Rotterdam 2016 et a organisé Places of Hope, une exposition pour Leeuwarden-Friesland, capitale européenne de la culture 2018.