L’édition 2023 du programme virtuel de bourses de recherche CCA invitait à de nouvelles orientations, lectures et interactions avec les œuvres photographiques de notre collection, afin de déterminer comment une compréhension plus large de la « vision » peut dépasser ce que Vilém Flusser appelle « l’image technique ». Le programme cherchait à positionner la vision et ses diverses pratiques, supports et archives comme un terrain de recherche ouvert qui peut dépasser la proprioception humaine et évoluer vers des modes d’incarnation élargis (algorithmique, terrestre, etc.). La vision et la création d’images sont des moyens intimement imbriqués de percevoir, d’expérimenter et de saisir le monde.

Les recherches des personnes sélectionnées pour l’édition 2023 du programme ont mis la collection du CCA en conversation avec des documents conservés ailleurs afin d’explorer comment l’environnement bâti contemporain engendre des pratiques de documentation qui émergent d’agents tant humains que non humains. Ces façons de regarder, de sentir, de ressentir et d’expérimenter les conditions de l’architecture sont susceptibles de devenir une forme de médiation qui, au cours de la prochaine décennie, aura autant d’importance que les architectures physiques dans le monde (par exemple, la tendance actuelle aux « jumeaux numériques » en urbanisme). Les boursières et boursiers ont examiné la collection du CCA afin de déterminer comment l’architecture a été historiquement documentée, visualisée et observée par un ensemble d’acteurs humains et non humains (qu’ils soient sensibles ou élémentaires et qu’ils puissent collectivement redéfinir les principes fondamentaux de l’architecture et ses formes de représentation). Les chercheuses et les chercheurs pouvaient également identifier dans la collection des matériaux documentant des pratiques plus hétérogènes de représentation du monde, par exemple des architectures informelles/autochtones qui ont été marginalisées, jugées « irrationnelles » ou dépourvues de pouvoir d’action, exotisées et/ou transformées par le « développement » colonial.

Grâce à ces lignes d’enquête, les boursiers virtuels pouvaient aborder une série de sujets qui sondent les visions et les agents incarnés, en particulier lorsqu’il s’agit de documenter les changements accélérés qu’enregistre l’environnement bâti en raison du réchauffement planétaire et des phénomènes plus larges de changement climatique. Ces sujets pouvaient inclure :

• Redéfinitions de la notion de pouvoir d’action architecturale et des pratiques de représentation, y compris l’image non-humaine et non-technique
• Compréhension de la « vision » comme étant incarnée, terrestre, collective et non représentative
• Des notions de photographie architecturale fondées sur l’utilisation active, l’âge, la décrépitude et la socialité
• Exploration de lignées diverses (analogiques) en relation avec le rendu numérique et la vision artificielle
• Démêler et revisiter les rencontres impérialistes enregistrées dans des photographies comme méthode de réparation