En hommage à John Harris

Phyllis Lambert, CC, GOQ, CAL, FIRAC
Directeur fondateur émérite
Directeur fondateur (1979-1999) et Président du Conseil des fiduciaires (1979-2013)


Même une petite image montre sa grande intelligence, son énergie maîtrisée qui a suivi de nombreuses voies, son humour enjoué et malicieux, son bon goût, son esprit de décision et son immense capacité dans tout ce qu’il touchait. Personne ne me manquera plus que lui.

Autodidacte (avec l’aide de son épouse Eileen, historienne de l’architecture très respectée) et doté d’une capacité naturelle à acquérir des connaissances, John Harris a écrit d’importants ouvrages scientifiques, a courageusement plaidé pour les innombrables maisons de campagne en voie de détérioration et de disparition en Grande-Bretagne, qu’il connaissait intimement en tant que curieux. Il a également été conservateur de la collection de dessins du Royal Institute of British Architects (RIBA), qu’il a cataloguée avec seulement deux autres personnes au cours de ces quelques années où personne d’autre ne savait comment faire un tel travail avec des dessins d’architecture. Au RIBA, il a commencé à rassembler les archives (terme que personne n’employait à l’époque) de nombreux architectes du XXe siècle, les ajoutant aux œuvres inestimables des maîtres du XIXe siècle, du XVIIIe siècle et des siècles précédents que comptait la collection. À Portman Square, où il a déménagé la collection en 1970, John organisa des expositions dans la petite salle, fit fabriquer des vitrines pour que les dessins n’aient pas besoin d’être encadrés (il n’avait presque pas de budget), réalisa des publications et organisa quelques déjeuners dans la cuisine, riches de plaisanteries, de discussions et de nouvelles. Tout cela a fait du RIBA Drawing Centre le point de repère des membres de la Confédération internationale des musées d’architecture. Bien entendu, John a été le premier président de l’ICAM.

C’est dans cette cuisine que j’ai appris que la première réunion de l’ICAM devait avoir lieu en Finlande en novembre 1979, au moment même où le CCA obtenait ses lettres patentes en vue de devenir officiellement un musée et un centre de recherche. John et moi nous étions rencontrés une vingtaine d’années plus tôt, alors que je recherchais des dessins d’architecture pour ce qui allait devenir le CCA. Ma curiosité pour les types de dessins réalisés à d’autres époques et dans d’autres lieux avait été aiguisée par les études et les dessins réalisés par Mies et les membres de son bureau lors de la conception de l’immeuble Seagram à New York. John et moi sommes devenus amis et, compte tenu de la passion de John pour faire avancer ce domaine, il joua un rôle extrêmement important en me conseillant sur les dessins qui étaient alors proposés aux enchères. Avec Robin Middleton, John et moi avons rencontré Ben Weinreb dans ses bureaux, où nous avons traversé un dédale de livres jusqu’au sanctuaire des livres rares; à quelques mois d’intervale, je m’asseyais là dans une chaise A.W.N. Pugin à haut dossier et nous mangions des sandwichs au saumon fumé en discutant des livres nécessaires à la constitution de la bibliothèque du CCA.

Le CCA rendra bientôt accessible une description complète de la contribution inestimable de John à la formation de l’institution.

Phyllis Lambert et John Harris marchant dans la rue lors de la conférence de la Confédération internationale des musées d’architecture (ICAM) à Helsinki, août 1979. Photographie © Kari Hakli

Extraits d’un discours prononcé par John Harris

À l’occasion de la cérémonie de pose de la première pierre du CCA, le 13 mai 1985

Cela fait maintenant six ans que Phyllis et moi avons assisté, à Helsinki, à la naissance de la Confédération internationale des musées d’architecture que nous appelons ICAM. Aujourd’hui, l’ICAM est l’organisme chargé de représenter ces musées dans le monde entier et notre croissance est un phénomène. Nous avons vu récemment l’ouverture du Deutsches Architekturmuseum à Francfort. Nous sommes au courant de l’achèvement imminent du Musée du XIXe siècle au Quai d’Orsay à Paris et nous entendons parler de projets pour un musée national d’architecture français et d’un musée d’architecture néerlandais à Rotterdam ou à Amsterdam.

Nous pouvons à présent nous demander pourquoi, pourquoi maintenant, pourquoi si tard après que les musées d’art, de l’industrie, ou de l’aviation aient été depuis longtemps une réalité. Tout cela est lié, je pense, aux événements qui se sont multipliés depuis 1972 environ, des événements qui concernent la vox populi, le peuple qui réclame un vote sur son environnement. Bien sûr, il y a eu des protestations dans le passé, mais toujours élitistes, toujours menées par de petits groupes. L’explosion de la protestation populaire, la réponse des citoyens à ce qui arrive à notre environnement est tout à fait moderne. Helsinki, Moscou, Stockholm, Washington ont leurs musées d’architecture ou du patrimoine. En général, ils sont soutenus par l’État et leurs fonctions varient considérablement. En fait, ces variations sont telles que l’ICAM utilise le mot « confédération » pour désigner quelque chose de plus souple, qui englobe non seulement l’idée de musée, mais aussi les bibliothèques d’architecture, les représentants des professions qui y sont associées, les archives nationales de photographies d’architecture, les institutions d’enseignement qui font du prosélytisme ou les bibliothèques nationales disposant d’importantes ressources architecturales.

À Helsinki, nous avons longtemps débattu de ce qui constitue, à proprement parler, un musée d’architecture. Nous nous sommes tous imaginés comme les gardiens de ce que nous pensions être des comas involontaires, des musées d’architecture. Nous avons rêvé de la possibilité de construire des édifices spécialement conçus pour permettre toutes les tâches que ce musée idéal devrait accomplir pour la communauté, pour améliorer la qualité du nouvel environnement bâti, afin d’agir pour la conservation de l’historiquement ancien, pour faire progresser l’étude de l’histoire de l’architecture, pour être une force éducative puissante pour le bien public et privé, et pour aider à tout cela, afin d’avoir la meilleure bibliothèque, les meilleures archives et collections. À Helsinki, j’ai remarqué une lueur dans les yeux de Phyllis, comme si elle disait : si cela ne tenait qu’à moi, le Canada, le Québec, Montréal auraient le premier musée d’architecture construit à neuf pour accueillir toutes ces fonctions et ces idéaux. Je pense qu’il est intéressant que ce soit précisément à Montréal, car c’est une ville qui sert d’exemple sur la façon dont nous devrions traiter notre habitat.

Et en même temps, grâce à la puissance motrice que deviendra le CCA, les leçons apprises ici seront applicables dans le monde entier… à Budapest, à Singapour, à Buenos Aires, à Lisbonne. Je pourrais, de fait, reprendre les mots de John Evelyn écrits vers 1650 lorsqu’il décrivait la maison de campagne anglaise comme « une incarnation du monde entier ». Le CCA sera donc une incarnation du monde des musées d’architecture.

En plus de sa contribution inestimable à la création du CCA, John Harris (1931-2022) est le commissaire de l’exposition Le renouveau palladien et a collaboré à Une arcadie anglaise, 1600-1990

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