Le chercheur en résidence Christopher Heuer présente sa recherche.

Bien que mieux connu en tant que peintre et graveur farouchement inventif, Hans Vredeman de Vries (1526-1609), le Hollandais à multiple facettes, était fasciné par l’architecture imaginaire. A Anvers comme à Prague, il conçut une série de dessins mystérieuse, et grande partie négligée des études historiques, ayant trait à l’environnement bâti. Les publications de Vredeman, à commencer par Scenographiae (1560), puis les deux volumes de Perspective (1604-5), représentent de manière obsessive des architectures et des villes dépourvues d’action narrative, ou souvent de toute figure humaine. Peu de ses structures hypothétiques ont été réalisées. Et pourtant, ses gravures influencèrent l’ornemantation de Tallin à Bogota.

Posant un problème pour l’historiographie de l’art de l’Europe du nord du fait de leur sujet inattendu et de leur curieux dessein, les travaux de Vredeman de présentent des exemples singuliers de spécialisation et d’études de cas remarquables par rapport aux changements de définition de l’architecture, de l’ornement et du marché de l’art à l’ombre d’un système capitaliste émergent et des critiques du Protestantisme à l’égard des images. Mon séminaire abordera deux exemples spécifiques de l’oeuvre de Vredeman tirés de la collection de dessins et estampes du CCA – un livre au sujet des ordres classiques d’architecture et pamphlet au sujet de la vision et de la perspective. Ce séminaire niera la lecture conventionnelle de Vredeman qui, le considérant comme cas un déviant au sein de son propre milieu, relie de façon explicite sa biographie, son oeuvre et son contexte géographique. Tout comme la notion qu’une culture visuelle de la ‘renaissance’, fruit de la seule Italie, est battue en brêche par nombre d’études récentes, une notion plus expansive, dynamique ou comme dirait Gilles Deleuze, déterritorialisée de multiples ‘renaissances’ est en trait de voir le jour. Ici, l’Italie sera considérée en tant que l’un des nombreux épicentres autour desquels les artistes se meuvent librement d’un milieu culturel l’autre. Vredeman et ses gravures reproduites mécaniquement illustrent eux-mêmes ce phénomène, qui unit, tout en les fragmentant, les ‘renaissances pré-modernes’ par le biais de leur circulation, de leur lectorat et des intérêts qu’elles suscitent.

Christopher P. Heuer est le lauréat d’une bourse de recherche post-doctorale Andrew W. Mellon près l’université de Columbi où il enseigne au department d’histoire de l’art. Il est titulaire d’un doctorat de l’université de Californie à Berkeley depuis 2003 et a été professeur invité en histoire et critique d’art à l’université de Washington. Ses essais ont été publiés dans les Res, Artforum, the Journal of the Society of Architectural Historians, Word and Image, et Kunstschrift, ainsi que dans des ouvrages collectifs intitulés respectivement Hans Vredeman de Vries und die Renaissance im Norden (2002) et The Artes Mechanicae Revisited (2005). Il parachève actuellement la redaction d’un livre sur la gravure et l’échec à la Renaissance. Il est également le co-auteur de Our Literal Speed: Art History and Performance avec Matthew Jesse Jackson. Il a bénéficié de plusieurs bourses de recherché attribuées notamment par The Fulbright Foundation, Kunsthistorisch Instituut Leiden, Deutsche Akademisch Austauch Dienst, The Getty Research Institute, et Alexander von Humboldt-Stiftung.

Christopher Heuer était chercheur en résidence au CCA en 2006.