Propriété explore la manière dont les relations de propriété sont construites à travers des mécanismes juridiques et bureaucratiques. Alors que la dépossession de la terre et l’exclusion du logement sont des sujets urgents auxquels les disciplines du design sont actuellement confrontées, le CCA remet en question l’institution de la propriété privée en examinant ses documents et ses dispositifs. Cette recherche est présentée sous un format inédit qui se veut à la fois un dépôt de documents, de dessins et d’éphémères, et un projet de médias sociaux visant à engager le dialogue avec des penseurs et des designers qui conçoivent des modèles de propriété plus équitables. Le projet Propriété examine de manière critique comment les droits de propriété ont été définis, légitimés et maintenus, et présente des alternatives pour l’avenir.

« Le néophyte, dit-on, conçoit la propriété comme la relation d’une personne à une chose, tandis que le juriste sait que les intérêts de propriété concernent toujours les relations entre personnes concernant l’utilisation ou l’exploitation des choses »¹. Comment pouvons-nous reconfigurer ces relations afin que la réciprocité envers la terre, la nature, et la communauté devienne la règle? Nous commençons par examiner les documents – lois, études de propriété, actes de propriété, annonces publicitaires – en reconnaissant que, dans leur matérialité fine comme du papier, ils ont une influence immense en tant qu’outils de médiation, et que, comme registres banals de la bureaucraties, ils sont des technologies puissantes de l’État et de ses agences². En prenant comme point de départ des éléments de notre propre collection, nous réfléchissons sur l’autorité de tels documents à travers les conventions et les limites qu’ils établissent, comme produits de leur design.

Ce projet fait partie de Ressaisir la vie, une enquête d’un an sur le changement des normes sociales et leurs implications dans l’environnement bâti. Dans la continuité de nos conversations sur le consumérisme, les obsessions et l’omniprésence numérique, Propriété se déploiera sur Are.na, une plateforme d’acquisition de connaissances soutenue par ses membres. Nous espérons que ce nouveau cadre de communication pour le travail de conservation du CCA ouvrira un espace différent de discussion et d’engagement avec notre contenu. En tissant des liens entre la Collection du CCA et d’autres archives historiques, cette étude médiatique vise à recontextualiser l’éphémère comme une méthode pour remettre en question l’idée de la propriété privée comme absolue. Par ailleurs, nous espérons que Propriété deviendra une ressource pour contextualiser la résistance contemporaine aux structures injustes d’enfermement, d’exclusion et d’exploitation. Rejoignez-nous dans cette expérience pour découvrir de nouvelles lectures sur le bien et la propriété.

Conçu par Irene Chin avec Bipasha Sultana et Ismaël Mallé

¹ J.W. Harris, Property and Justice (Oxford: Oxford University Press, 1996), 119.
² Cornelia Vismann, Files: Law and Media Technology (Stanford: Stanford University Press, 2008); Ben Kafka, The Demon of Writing: Powers and Failures of Paperwork (New York: Zone Books, 2012).