L’édition 2022 du Programme virtuel de bourses de recherche Papiers qui subsistent: les archives post-custodial sur le continent met en lumière la nécessité de soutenir la collecte, la conservation et l’accès aux archives en architecture, conservées à titre perpétuel dans des contextes africains nationaux, régionaux et urbains distincts.

La bourse s’inscrit dans le cadre du projet Chercher et raconter ailleurs (qui se déroulera de 2021 à 2024), par lequel le CCA facilitera l’accès aux archives qui ne sont pas conservées dans nos murs et qui ne feront pas partie de notre Collection. Le projet permettra au CCA d’explorer des liens, des sujets et des réseaux au-delà de notre Collection, et permettra aux propriétaires ou aux détenteurs de matériel d’archives de bénéficier de notre capacité à créer un accès et un engagement numériques significatifs. La première étape est la collaboration avec les responsables des papiers de l’architecte soudanais Abdel Moneim Mustafa. En examinant ses interventions à Khartoum, notamment le siège de la Banque arabe pour le développement économique en Afrique (1980) et les développements à usage mixte de Nifidi et Malik (n.d.), le CCA espère ainsi approfondir la recherche sur le rôle de l’architecture dans la manifestation des notions d’indépendance nationale et de régime post-colonial.

Les archives numériques de Mustafa pourraient servir de point de départ aux boursiers de ce programme virtuel, le cas échéant. Par exemple, il pourrait être intéressant pour ceux qui se consacrent au développement des meilleures pratiques concernant les matériaux inclus dans les processus de documentation et de conservation, mais aussi pour ceux qui s’interrogent plus largement sur ce que sont les archives d’architectes africains à l’heure actuelle et ce qu’elles pourraient être à l’avenir. Les notions d’archives décoloniales pourraient également être explorées en mettant les archives de Mustafa en conversation avec des collections conservées au CCA, telles que les archives de l’urbaniste Coen Beeker et des architectes Georg Lippsmeier et Kiran Mukerji. Ces dernières étaient d’ailleurs le point de départ du projet Centrer l’Afrique : perspectives postcoloniales sur l’architecture, toujours en cours dans le cadre du Programme de recherche multidisciplinaire financé par la Fondation Andrew W. Mellon. Dans l’esprit de ce projet, les candidats pourraient également examiner comment ces archives architecturales deviennent la source de nouveaux espaces d’interprétation, de recherche et de pratiques d’expositions.

À travers ces pistes de recherche, les boursiers pourraient aborder un éventail de sujets qui exploreraient les interventions archivistiques et architecturales nécessaires pour rendre le matériel de recherche plus accessibles, à la fois sur le continent africain et en dehors.

Ces thématiques pourraient notamment inclure :
• La collecte et la conservation d’archives architecturales africaines, peu importe la période
• Les pratiques archivistiques décoloniales sur le continent, particulièrement celles liées à la documentation de l’environnement bâti
• Les nouvelles histoires architecturales fondées sur des archives et pratiques archivistiques dites « marginales »
• Les histoires qui traitent de la constitution d’archives architecturales et de leur place dans l’environnement bâti
• Les archives issues de la diaspora et de leurs liens avec la pratique architecturale transnationale, particulièrement avec les nations africaines distinctes et les localisations en dehors du continent
• Les notions de « risque » et de « dommage » architectural en lien avec les héritages des courants modernistes post-indépendance à travers différents contextes nationaux africains
• La conception d’institutions spécialement dédiées à la conservation, la collecte et la dissémination des archives africaines sur le continent
• Les analyses de réseaux, d’institutions et de pratiques de conversation architecturales établis sur le continent

Les boursiers sont encouragés à faire dialoguer la Collection du CCA avec un grand nombre de documents de recherche détenus ailleurs, notamment avec des archives établies ou naissantes liées à l’environnement bâti sur le continent. L’objectif général est d’établir des liens entre ces corpus de documents en vue de créer des matériaux de recherche plus accessibles. Dans le domaine des sciences archivistiques, ces protocoles qui priorisent la propriété, l’accès et l’utilisation, sont connus comme le modèle d’archives post-custodial. Dans ce modèle, la gestion ou l’utilisation de ces éléments sont séparées de leur propriété physique, de sorte que les créateurs conservent la garde de leurs documents et que les archivistes en assurent une certaine supervision. Le modèle post-custodial de la pratique archivistique utilise souvent la technologie numérique dans la perspective d’une approche plus collaborative du travail archivistique transnational. Cette approche a en fait vu le jour en réponse à l’augmentation rapide du nombre de documents d’archives issus du numérique produits par les institutions, mais il a rapidement été repris par les archivistes intéressés par les droits de l’homme et la justice sociale pour modifier l’équilibre des pouvoirs dans la conservation des archives.