Michelangelo Sabatino, chercheur en résidence 2011, offre un tour d’horizon de ses recherches en cours sur la contribution d’Arthur Erickson au façonnement de la ville du XX^e siècle :

L’architecte canadien Arthur Erickson (1924–2009) s’est forgé une réputation internationale comme défenseur inlassable de la vie urbaine. Ses bâtiments ont transformé des villes en Europe, en Asie et en Amérique du Nord en se nourrissant de leurs caractéristiques culturelles, physiques et sociales pour les reconfigurer dans de nouveaux environnements architecturaux.

Malgré le rôle de pionnier joué par Erickson dans la promotion et la remise en question des pratiques de l’architecture au cours des années 1960 et 1970, sa vie et son œuvre n’ont pas fait l’objet d’une analyse historique et théorique aussi approfondie que celle de nombre de ses contemporains. Ma conférence s’appuie sur le contenu de mon livre à paraitre, intitulé Arthur Erickson : Architectural Environments. Dans cet ouvrage, je situe la contribution d’Erickson dans le contexte des pratiques architecturales canadiennes et internationales du XX^e siècle. De mon point de vue, l’adhésion d’Erickson aux principes du design moderne, qui découlent de ses études à l’École d’architecture de McGill University, ainsi que sa fascination pour l’engagement de Frank Lloyd Wright envers le site, ont été renforcées par son appétit insatiable pour les voyages. Cet amour des voyages, encouragé par l’avènement de l’avion à réaction, l’a conduit partout sur la planète pour explorer des lieux architecturaux anciens et contemporains. Très tôt dans sa vie, Erickson avait une vision du monde qui transcendait les différences culturelles entre Occident et Orient, Nord et Sud. Le voyage a été un élément central dans la construction de son « imagination éduquée » et de sa compréhension du rôle important que l’architecture contemporaine était susceptible de jouer pour faciliter la vie urbaine tout en agissant comme catalyseur des développements futurs. À la différence de divers acteurs de son temps, qui affichaient une certaine antipathie pour le passé, Erickson a su allier réflexion expérimentale progressiste en matière d’agencement de l’espace et profonde connaissance des notions de longue durée et de permanence en architecture. J’appuierai mon argument sur plusieurs des principaux grands ensembles réalisés par Erickson au Canada, de la Simon Fraser University (1963) à la University of Lethbridge (1968) en passant par Robson Square (1973). Pour mieux préciser l’influence de l’œuvre et des idées d’Erickson au-delà des frontières du Canada, je parlerai également de projets et réalisations plus récents, comme le projet pour Abu Nuwas à Bagdad (1981), le San Diego Convention Center (1981) et le Museum of Glass de Tacoma (1996).

Michelangelo Sabatino est professeur agrégé au Gerald D. Hines College of Architecture de la University of Houston. Outre son livre primé Pride in Modesty: Modernist Architecture and the Vernacular Tradition in Italy (2010) Sabatino a codirigé (avec Jean-François Lejeune) Modern Architecture and the Mediterranean: Vernacular Dialogues and Contested Identities (2010). Il a écrit de nombreux articles dans des revues comme Casabella, Harvard Design Magazine, Journal of Architecture, Journal of Architectural Education et Perspecta.

Michelangelo Sabatino était chercheur en résidence au CCA en 2011.