Faudrait-il s’inquiéter?
Un verre avec Houssam Elokda, Tomos Lewis, Anna Minton et André Spicer
Comment concevons-nous les villes à une époque où nos impressions sont sans cesse auscultées pour servir de base à un nouveau mode de production? Comment concevons-nous l’espace quand le langage dont nous nous servons a moins à voir avec les typologies architecturales et les proportions physiques qu’avec les états d’âme et les émotions? Premier acte d’une exploration en trois parties, l’exposition Nos jours heureux : Architecture et bien-être à l’ère du capitalisme émotionnel s’intéressait à la façon dont la soi-disant préoccupation pour le bonheur influe sur l’environnement bâti.
Il y avait de nombreuses questions inscrites sur les murs de Nos jours heureux, par exemple « les créateurs de classements sont-ils les nouveaux concepteurs de nos villes? ». Pour le deuxième acte, nous avons demandé à des architectes et penseurs de réagir aux thématiques soulevées au cours des recherches et de pousser plus loin la réflexion. Voici la question que nous avons posée à Reinier de Graaf (AMO), Dirk Somers (Bovenbouw), Stéphanie Bru et Alexandre Theriot (Bruther) et à Studio Jan Gehl, des architectes œuvrant dans différents contextes et engagés à des titres divers dans cette préoccupation pour le bonheur : Que devrions-nous faire s’ils veulent être heureux? Comment revoir le rôle de l’architecte dans ce système de nouvelles valeurs économiques et politiques?
Nous voilà au troisième acte. Nous invitons Houssam Elokda (directeur des opérations chez Happy City), Tomos Lewis (chef du bureau torontois de Monocle), Anna Minton (auteure de Big Capital) et André Spicer (professeur en comportement organisationnel à la Cass Business School) à prendre un verre dans les salles. Dans cette dernière étape d’une réflexion plus large sur la préoccupation pour le bonheur, nous explorons des sujets liés au marché concurrentiel des classements, aux valeurs sous-jacentes à la production de données d’apparence objectives, mais aussi masquées par elles, aux fonctions nouvelles de la fluidité et de la friction dans la vie publique et à la quête du bonheur qui a modifié notre compréhension de l’environnement et nos attitudes envers lui. Pour débattre du rôle du bonheur dans la vie urbaine, nous nous interrogeons sur le fait de savoir si notre préoccupation pour le bonheur devrait perdurer ou être abandonnée. Nous porterions-nous mieux sans cet objectif de félicité pour nos villes?
Houssam Elokda, Tomos Lewis, Anna Minton et André Spicer se sont entretenus avec Francesco Garutti et Lev Bratishenko après la clôture de l’exposition Nos jours heureux : Architecture et bien-être à l’ère du capitalisme émotionnel.