Querido Amancio, organisée à l’occasion de notre nouveau fonds Amancio Williams, a donné lieu à une lecture publique de lettres personnelles, au cours de laquelle les participants - Emilio Ambasz, Florencia Álvarez, Giovanna Borasi, Fernando Diez, Kenneth Frampton, Mario Gandelsonas, Juan Herreros, Martin Huberman, Cayetana Mercé, Inés Moisset, Ciro Najle, Ana Rascovsky, Claudio Vekstein et Claudio Williams - ont commenté l’héritage d’Amancio Williams.

Juan Herreros a fait part de ce qui suit :


Mon cher Amancio,

Comme tant de jeunes inquiets pendant ces années-là, j’ai pu voir l’ensemble de ton œuvre pour la première fois dans le recueil de Jorge Silvetti publié en 1987, dans le cadre de l’exposition à Harvard. Jusque-là, toutes mes rencontres avec ton travail avaient été grâce à des surprises décousues dans la revue Summa, dont nous dévorions les numéros qui nous tombaient sous la main dans une Espagne grise, ou dans des exemplaires égarés de L’Architecture d’Aujourd’hui.

Cette publication a cristallisé un vif enthousiasme pour ton travail qui a été comblé en 1991 quand m’est tombé dans les mains le livre accordéon que tu avais imaginé en 1977 et que Claudio Vekstein a composé avec art. Tu venais de partir, et c’est là que j’ai lu la fameuse litanie « créer, inventer, découvrir ». Ce fut un plaisir de corroborer le fait qu’être architecte demande de comprendre que l’activité qui soutient notre action est le dessin et que l’instrument fondamental du dessin architectural est le projet. Un architecte transforme tout ce qu’il veut faire en un projet. Telle fut ta vie et telle fut ta leçon.

Pendant ces années-là, j’ai été impliqué dans la recherche d’un moyen d’intégrer les idéaux architecturaux et techniques disponibles, une réflexion qui imprègne encore aujourd’hui mon travail théorique, professionnel et dans l’enseignement.

Précisément parce qu’il est difficile de voir clair dans le territoire incertain où notre discipline se mesure avec la technique, dans les moments de doute, ta curiosité, ta persévérance et ton ambition se sont avérés un modèle devant l’exigence de maintenir un positionnement critique confiant dans la capacité du projet à affronter le nouveau.

Lors de ma première visite à Buenos Aires, en 1996, à la sortie de son restaurant favori, Bucho Valiero m’a emmené voir l’entrée des laboratoires Juncal. Un soir de printemps quelques années plus tard, fétichiste invétéré, je suis passé devant la reconstruction de tes parapluies à Vicente López. J’ai ressenti une profonde tristesse en pensant à tes œuvres détruites et à la difficulté qu’ont eue plusieurs de tes projets à se matérialiser. Ils auraient pu cimenter chez d’autres la confiance en la capacité de l’architecture à donner corps aux rêves de toute une époque.

Je crois pouvoir ajouter aujourd’hui à mes motifs d’admiration ton dévouement à l’invention typologique. En te maintenant à une juste distance du positivisme fonctionnaliste aveugle et en déployant une ardeur intégratrice envers la technique axée sur la création, tu as soulevé par ton travail des questions qui nous accompagneront toujours : l’édifice étagé, la tour suspendue, le grand espace équipé sous une couverture, le conteneur compact, le monument… ainsi que la nécessité de la planification urbaine et territoriale avec la valeur ajoutée d’améliorer la vie des personnes. Sois assuré que je ne parle pas de programmes mais de types constructifs à la recherche d’une synthèse possibiliste à la limite de la connaissance du moment.

Des décennies plus tard, à une époque où il est indispensable de tenir un agenda et de se déplacer aux confins de ce qui définit la relation de notre profession avec le monde, nous savons que cet exercice navigue entre l’acceptation des contingences et l’incertitude tant de fois mutée en frustration. Telle est la fragilité qui habite les architectes : pendant que des œuvres qui auraient pu être merveilleuses demeurent sur papier, d’autres qui se réalisent risquent de tomber en pâture aux lamas ou de subir des mutilations fatales. Mais d’ici, je te dis que rien n’a été fait en vain et que tous tes collègues engagés doivent au travail que tu nous as légué des éclairs référentiels qui font que tout a du sens, beaucoup de sens.

En souhaitant que notre profession trouve la place dans le monde dont tu rêvais, je t’embrasse affectueusement.

Juan Herreros
Madrid, le 20 février 2020

P.S. : Je n’ai jamais eu l’occasion de visiter la Maison sur le pont. J’espère le faire bientôt et te parler de mon expérience.

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